Bande dessinée : des bulles pour communiquer

De plus en plus, des institutions ou associations font appel à des illustrateurs pour faire passer leurs messages. Dans la Vienne, plusieurs exemples récents témoignent de ce phénomène.

Claire Brugier

Le7.info

Un livre sur cinq acheté en France est une bande dessinée. De toute évidence, les planches, bulles et vignettes ont la cote. Depuis plusieurs années déjà, la BD s’affirme comme un média à part entière, bien au-delà de la simple fiction ou de la publicité. Les illustrateurs apprécient ces « commandes de création » qui, nonobstant une thématique imposée et des délais souvent contraints, leur laissent une vraie liberté.

« En choisissant un format graphique, on a plus de chance de toucher un lectorat plus large, constate Julien Picard-Monnet, directeur de publication de Curieux. Pour tordre le cou aux fake news et vulgariser les informations scientifiques, le magazine régional, piloté par quatre centres scientifiques dont l’Espace Mendès-France de Poitiers, fait appel à des illustrateurs. « En termes de fond, cela n’équivaut pas à un article de 3 000 signes mais c’est un produit d’appel -sans que ce soit péjoratif-, qui fait entrer les gens dans le contenu. Le format de dix vignettes permet de les utiliser sur les réseaux sociaux, de les maquetter, comme dans Le 7, de les encadrer… »

Ce « nouveau » média a séduit l’an dernier Poitiers Jeunes. Confrontée aux restrictions sanitaires, l’association a fait appel à l’illustrateur poitevin Otto T.. « Nous avons été obligé l’an dernier de mettre en place une jauge, avec des billets gratuits. Il fallait que nous en informions notre public et, plutôt que de le faire de façon institutionnelle, nous avons cherché une autre façon de l’interpeller », souligne Mickaël Buno. Le 19 juin dernier paraissait Les Expressifs déconfinés ou Comment organiser un festival de théâtre de rue en temps de pandémie, une compilation de strips réalisés en amont et pendant le festival. « C’est un projet de communication qui s’est transformé en projet éditorial, résume Mickaël Buno. A l’origine nous avions juste commandé des planchettes destinées à relancer notre public sur les réseaux. »

« Le message visuel est à la mode »

A l’origine aussi, la Maison des étudiants avait juste soumis à Maxime Jeune, illustrateur en résidence, le thème du quotidien dans un laboratoire de recherches. En juin dernier est paru Plus jamais la nuit. « Nous lui avons laissé le champ libre. A travers le quotidien d’une chercheuse, il a abordé les thématiques de l’enseignement, de la recherche, des financements, des engagements, de la vie personnelle… Beaucoup de chercheurs s’y sont retrouvés », note Lionel Poutaraud, chargé de mission culture à la MDE.

De même, Otto T. a réalisé une BD de commande sur la thèse d’un doctorant chercheur à l’Inrae, et deux autres sur l’artiste-botaniste Thomas Ferrand (Des sauvages parmi nous et Sauvages !!!) " « La principale contrainte est celle du temps, confie l’illustrateur. Pour le reste, j’ai tendance à accepter les commandes qui vont dans le sens de mon travail d’auteur. »

Les exemples se multiplient. « On observe un essor des BD de commande où sont transposés des problèmes de société, confirme Frédéric Chauvaud, responsable du réseau de recherche en BD de Nouvelle-Aquitaine. Le message visuel est à la mode. Aujourd’hui les créateurs peuvent traiter n’importe quel sujet, sans format à respecter. »

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