Congrès de Poitiers : la santé publique au coeur des priorités

Un congrès national de la Société française de santé publique forcément marqué par la Covid s'est ouvert cet après-midi au palais des congrès du Futuroscope. La prévention et la promotion de la santé vont prendre une place plus grande dans les années à venir. Reste à savoir sous quelle forme. Alain Rousset, président de Nouvelle-Aquitaine, milite pour que la compétence revienne aux Régions. Olivier Véran, ministre de la Santé, tempère et crée une mission de "structuration institutionnelle".

Romain Mudrak

Le7.info

Plus de 800 personnes sont réunies depuis cet après-midi et pour trois jours au palais des congrès du Futuroscope, dans le cadre du congrès national de la Société française de santé publique (SFSP). Ces rencontres, largement marquées par les dix-huit derniers mois de pandémie, ont vocation à revenir sur « les meilleures façons d’agir en situation d’incertitude et de controverse ». Absent aujourd’hui, le ministre de la Santé a tout de même rappelé à travers un message vidéo que « les crises sanitaires et environnementales ont imposé la santé publique comme une spécialité médicale et comme une discipline universitaire en tant que telle ». Comprenez par santé publique tous les actes de prévention et de promotion de la santé favorisant « un bien-être complet physique, mental et social », comme l'a définie l’Organisation mondiale de la santé, et non seulement l’absence de maladie. Problème, ce secteur fait face, selon Olivier Véran, à « des difficultés de recrutement, une capacité d’intervention limitée sur le terrain et une influence insuffisante sur les pratiques médicales ou sur les autres politiques publiques come le transport, l’agriculture, l’industrie, le travail… »

« Il n’y a pas de pilote dans l’avion »

Le ministre a profité de ce congrès pour lancer trois missions spécifiques avec des rapporteurs désignés, sur la « structuration institutionnelle de la santé publique » ; « les méthodes de prévention vis-à-vis des jeunes générations » ; « mieux informer et former les acteurs de la santé sur la base des deux dernières années de crise ». Et si la structuration, que le ministre appelle de ses vœux, passait par une décentralisation ? C’est en tout cas le message qu’a souhaité passer Alain Rousset dans son propos « disruptif ». Le président de la Région Nouvelle-Aquitaine s’est dit prêt à endosser la compétence santé au niveau de la région. « Quand je regarde ce qu’est la santé publique, l’alimentation, le sport, la qualité de l’eau, l’origine sociale, l’agriculture… Avez-vous remarqué qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion ? Il n’y a qu’un seul pays démocratique où la santé est centralisée, c’est la France. C’est un paradoxe. L’organisation telle qu’elle est dans les pays d’Europe du nord engendre une baisse des coûts et une augmentation de l’espérance de vie. »

De son côté, Coralie Breuillé-Jean, adjointe à la maire de Poitiers, en charge de la Santé, a assuré que Poitiers avait fait « le choix de longue date d’agir en faveur de la promotion de la santé auprès de ses citoyens et citoyennes », avant de regretter que « ce n’est pas la règle ». « Cet investissement n’a pas de prix mais il a un coût. Si l’accès aux soins est une compétence de l’Etat, la prévention reste facultative ». L’élue a ainsi appelé à la création d’une « sixième branche de la sécurité sociale afin de donner à tous nos concitoyens les mêmes droits à la prévention loin de l’iniquité que produit le libre engagement des collectivités ».

Sans attendre la fin du congrès, le ministre Olivier Véran a donné rendez-vous aux membres de la SFSP le 4 mars 2022, date du vingtième anniversaire de l’adoption de la loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, pour réaliser « le bilan des vingt années de démocratie sanitaire et élaborer des propositions ambitieuses ».

À lire aussi ...