The French Dispatch, frustrante orfèvrerie

A la mort de leur rédacteur en chef, les journalistes du French Dispatch s’attaquent à sa nécrologie en se remémorant leurs enquêtes marquantes. Hommage appuyé à la France et à sa culture, le dernier film de Wes Anderson est aussi merveilleux sur le plan formel que froid par sa narration.

Steve Henot

Le7.info

The French Dispatch est un journal qui donne des nouvelles de la France aux Etats-Unis, depuis la ville imaginaire d’Ennui-sur-Blasé (!). Mais la mort de son emblématique rédacteur en chef entraîne irrémédiablement la fin de sa parution. Sous le choc, son équipe s’apprête à écrire sa nécrologie dans le dernier numéro. Pour les plus belles plumes du journal, c’est l’occasion de raconter à nouveau un reportage fondateur, qui a marqué leur carrière au sein du French Dispatch.

Une immersion en plein « french art de vivre » (à la parisienne), le portrait d’un détenu peintre et psychopathe, le récit d’une romance à travers un Mai 68 revisité et un étonnant polar sur fond de gastronomie… Ces quatre petites histoires permettent à Wes Anderson de réunir un plateau américano-français de prestige, dont il devient vite amusant de découvrir toutes les apparitions. On se plaît aussi à décomposer les plans ultra travaillés du cinéaste, tout en symétries et riches de détails, comme des tableaux de peinture. Mais ici, toute cette virtuosité défile trop vite pour être appréciée comme elle le devrait. Le film donne à voir beaucoup de personnages mais sans leur donner corps, seulement racontés du point de vue (verbeux) des journalistes. Qu’importe la qualité de l’interprétation ou de l’écriture (remarquable), on peine à s’investir dans ces tranches de vie, certes bien mises en scène mais un peu vaines. The French Dispatch ne manque pourtant pas d’humour ni de moments réjouissants, comme cette course-poursuite en animation avec un graphisme qui évoque la BD franco-belge. L’hommage du réalisateur à la France et à tout ce qui la caractérise à l’international est touchant, mais nous laisse malheureusement sur la touche, à distance de ce qu’il souhaite raconter. Vraiment dommage.

Comédie de Wes Anderson, avec Timothée Chalamet, Léa Seydoux, Bill Murray (1h48).

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