Amants hors tension

Annoncé comme un thriller, le neuvième film de Nicole Gardia, Amants, peine à trouver son souffle et s’empêtre dans une mise en scène d’une grande froideur, presque trop soignée pour être crédible

Claire Brugier

Le7.info

Pour son neuvième film, Nicole Garcia a choisi de s’attaquer à un poncif du cinéma, le triangle amoureux. Sur le papier, l’intrigue est simple. Lisa (Stacy Martin) et Simon (Pierre Niney) s’aiment depuis l’enfance mais le jeune homme, dealer à la petite semaine à Paris, disparaît un jour sans laisser de traces. Voilà pour l’acte I. Quelques années plus tard, alors que Lisa a refait sa vie avec Léo, un riche assureur (Benoît Magimel), Simon réapparaît sur une plage de l’océan Indien. Fin de l’acte II. Dans la troisième et dernière partie, à Genève, ce qui devait arriver arrive… Amants, prévient le titre. 


Pour éviter l’écueil du déjà-vu, Nicole Garcia aura sans doute voulu forcer l’identité visuelle de son film en accentuant l’épure et en jouant sur le noir et blanc. Le résultat est presque trop soigné, sous contrôle. Hormis au bord de l’océan Indien, la vie des trois protagonistes, définitivement tristes, manque cruellement de couleurs. Elle est aussi étrangement silencieuse. La bande-son, volontairement minimaliste, ne renforce ni le propos -le pouvoir d’attraction d’un premier amour ? De l’argent ?-
ni le rythme, dont la lenteur n’est pas sans rappeler, de très loin, quelques pellicules de la Nouvelle Vague. Pierre Niney et Benoît Magimel se débattent pour tenter de faire monter la tension à grand renfort de regards qui en disent long et de gestes rares. Quant à Stacy Martin, révélée dans Nymphomaniac de Lars von Trier, elle a beau faire, elle est enfermée dans un rôle cliché de petite chose fragile au cœur d’une rivalité masculine. Les personnages ni sympathiques ni antipathique, ni attachants ni haïssables, sont gentiment incolores.


Enfin, la promesse de la construction en trois actes n’est pas tenue. Etouffée par une froideur vaine, la troisième partie, qui devrait exploser dans la fureur, le sang et les larmes -on n’en demandait pas tant !-, expire sans panache. Tellement décevant.


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