Lancé en 2018 à Poitiers, Happy’Doc s’est étoffé et a essaimé dans les universités de Limoges et Bordeaux. L’objectif ? Aider les étudiants à prendre soin d’eux. Ce dispositif répond aux enjeux de la loi sport en débat à l’Assemblée nationale.
Si la Paces et le concours de médecine ont cédé la place à une large gamme de licences « avec accès santé », la tension reste importante pour les étudiants de première année de médecine. C’est donc pour eux que la chaire Sport Santé et la faculté des Staps de Poitiers ont imaginé, en 2018, une sorte de séminaire de développement personnel qui se déroule sur trois jours en début de 2e année. Son nom ? Happy’Doc (Le 7 n°413). Depuis quatre ans, son contenu a évolué mais l’objectif est resté le même : aider ces étudiants hyper-stressés à prendre du recul et les sensibiliser à l’importance du sport et de la nutrition pour leur santé personnelle.
Dans ce séminaire, un spectacle leur permet notamment de se forger un esprit critique. Une façon aussi de comprendre que la culture et la vision décalée des artistes sont importantes pour leur construction personnelle. Des personnalités de référence sont désormais associées à ce programme comme le Canadien Martin Juneau en nutrition, le
Dr François Carré, cofondateur de l’Observatoire de la sédentarité, ou encore le psychiatre poitevin Nemat Jaafari, spécialiste des addictions. « Nous avons voulu intégrer des médecins à la liste des intervenants, pour que les étudiants aient un retour de leurs pairs, des personnalités inspirantes pour leur parcours »,
souligne Laurent Bosquet, porteur du projet pour la chaire Sport santé. Les étudiants en pharmacie, maïeutique, orthophonie, soit 400 personnes (le double de la première année) bénéficient aujourd’hui d’Happy’Doc, qui a également été déployé à Limoges et Bordeaux.
Bientôt les salariés
de la Technopole
A chaque fin de séminaire, les retours sont dithyrambiques. Une thèse de médecine a confirmé les bienfaits. Mais pour connaître les effets à long terme, une évaluation démarrera en septembre prochain, en partenariat avec l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped) de Bordeaux. Sans attendre, Happy’Doc va servir de modèle aux futurs ateliers proposés aux salariés de la Technopole du Futuroscope par la Maison de la qualité de vie au travail, qui devrait ouvrir au deuxième trimestre.
« L’enjeu d’Happy’Doc consiste à changer les habitudes personnelles des étudiants et leurs réflexes de futurs professionnels de santé », poursuit Laurent Bosquet. Ceci afin qu’ils prescrivent massivement le « sport sur ordonnance », du nom d’un programme de santé publique généralisé en France. La loi sport, qui devrait être adoptée définitivement jeudi par l’Assemblée nationale, va d’ailleurs réaffirmer ce principe. « Le problème, c’est que les médecins ne savent pas toujours vers qui diriger leurs patients. Cette loi désigne les kinés mais ils ne sont pas les seuls. » Les diplômés du master Activités physiques adaptés et santé (Apas), proposé à Poitiers, et dont c’est le cœur de métier, pourraient aussi entrer dans la boucle.
crédit photo : Arnaud Saurois