L’entrée, située 2, rue du Château, à Berrie, ne présage en rien ce qui se cache derrière le portail. Gilles et Sandra Colinet ont acheté la Forteresse de Berrye
en 2019. Le couple ambitionne de lui redonner vie en mêlant vin, musique et patrimoine.
Gilles et Sandra Colinet ont d’abord été séduits par « l’aula, la grande salle seigneuriale ».
Voilà pour la version officielle. Officieusement, « nous avons goûté le vin, confie le récent propriétaire du château de Berrye -avec un Y-, construit à Berrie, aux confins du Loudunais et des Deux-Sèvres. Si cela avait été de la piquette, nous n’aurions pas acheté ! » La forteresse et ses différentes appellations Saumur ont eu raison de recherches d’abord menées dans le Maine-et-Loire. Fin 2019, le couple a franchi la frontière de la Vienne et pris l’ancestrale place forte, fondée au Moyen Age puis largement remaniée au fil des siècles. « C’est juste un peu plus grand que ce qu’on imaginait »,
commente, placide, Gilles Colinet.
Propriétaire de plusieurs pépinières, le sexagénaire a décidé de vendre ses entreprises et de « travailler à [sa] quatrième vie ». Il cherchait « un domaine viticole de qualité et quelques vieilles pierres ». Quelques, l’adjectif est faible pour désigner l’imposante bâtisse, posée entre une cour basse et une cour haute enherbée, dotée un temps de neuf tours dont une seule a survécu, d’une chapelle castrale du XIIIe siècle et de tout un village troglodytique niché dans ses douves sèches. Dans les caves, des graffitis et des dates gravées dans le tuffeau disent le passage des différents occupants. Ces dernières années, le lieu a servi d’habitation pour une petite partie, de bâtiment agricole aussi.
Appellations Saumur
Entièrement classée au titre des Monuments historiques, la Forteresse de Berrye a fait l’objet d’une étude architecturale complète, résumée sur trois grands panneaux accrochés dans l’aula. Relevé complet des lieux, pathologies et description du projet, les nouveaux châtelains ont disséqué leur nouvelle demeure pour mieux la ressusciter en tant que patrimoine historique. Gilles et Sandra Colinet ont commencé par aménager leur appartement autour du bel escalier XIXe du logis. Pour le reste, « jusqu’à présent nous avons surtout beaucoup nettoyé, démonté des faux plafonds, fait tomber des murs intérieurs, stabilisé la muraille… La priorité était d’arrêter toute dégradation du site, explique le propriétaire. Nous commençons juste à investir dans le chai. » Une douzaine d’hectares de vignes s’étalent au pied du château, côté ouest. « Le terroir est très intéressant et répond aux appellations Saumur rouge, blanc, Puy notre-Dame, Crémant de Loire, Coteaux de Saumur… » Avec comme cépages le cabernet bien sûr mais aussi
« le beau chenin de Loire » dans lequel Gilles Colinet lit le présage d’un futur « grand vin ». Viticulture, gîte, location pour de l’événementiel, les propriétaires ne manquent pas de projets pour leur château. Dès le 25 juin l’aura résonnera d’un concert « Musique, vin et patrimoine » dédié à Schumann.