Un avenir 
loin de chez eux

L’université de Poitiers a lancé une école d’été pour les jeunes Ukrainiens réfugiés. Sans perspective d’un retour prochain dans leur pays, ces étudiants entament un processus d’intégration. Beaucoup s’imaginent poursuivre leurs études en France.

Steve Henot

Le7.info

Découverte des campus, de la ville, initiation à la langue française… Depuis la semaine dernière, dix-huit jeunes réfugiés ukrainiens, âgés de 16 à 
22 ans, participent à l’école d’été mise en place par l’université de Poitiers. L’objectif ? Leur proposer des activités sportives et culturelles, jusqu’au 26 juin, afin de les intégrer à la vie locale et « leur occuper l’esprit ». « On ne pouvait plus les raccrocher à un programme. Alors on a essayé de trouver des activités pour les accueillir, avec une coopération de partenaires déjà engagés », 
explique Caroline Bélan-Ménagier, la directrice du Service universitaire des relations internationales et des étudiants étrangers (SURIEE).


Les étudiants étrangers d’Ukraine dans le flou

Un agenda a été remis aux jeunes Ukrainiens et un groupe de discussion a été constitué sur l’application WhatsApp. Originaire de Tcherkassy, au sud de Kiev, Illia a coché les ateliers sportifs et la visite des collections du laboratoire Palevoprim. Dans un français maîtrisé, Iryna confie son envie de « parler avec d’autres gens », par le biais des cafés linguistiques notamment. « Il y a une assiduité terrible de leur part et une envie d’apprendre, se réjouit Christine Fernandez-Maloigne, vice-présidente du SURIEE. Et ils ne sont pas seuls : l’un d’eux est venu avec sa petite sœur, sa mère et sa grand-mère. »

Et après ? Depuis son arrivée à Poitiers, courant avril, Iryna s’est faite à l’idée qu’elle ne pourra pas retourner étudier dans son pays. Un sentiment partagé par ses camarades. L’adolescente, qui vivait à Kharkiv avant le conflit, aimerait entamer un cursus en langues étrangères appliquées à partir de septembre. Seuls cinq jeunes Ukrainiens de l’école d’été ont pu s’inscrire dans une formation de l’université avec le statut de boursier. Les autres, moins à l’aise avec le français ou l’anglais, pourront bénéficier du programme ESPOIR qui, depuis 2016, permet à des étudiants réfugiés issus de pays en guerre de suivre des cours de langue française en vue de poursuivre leurs études à l’université. « Mais je ne suis pas sûre que l’on arrivera à satisfaire tout le monde », 
anticipe à regret Christine Fernandez-Maloigne. 


Et puis il y a le cas -complexe- de réfugiés étrangers qui menaient des études en Ukraine. « On n’est pas traités de la même manière », a tenu à faire savoir Maroua, au lancement de l’école d’été. Six jours après le début des bombardements, cette Marocaine de 24 ans a quitté la fac de Zaporijie, où elle étudiait la médecine, en laissant ses effets derrière elle. Recueillie à Angoulême par sa tante, la jeune femme avait l’espoir de reprendre le cours de ses études à Poitiers. Mais elle ne bénéficie pas du même statut que les réfugiés d’origine ukrainienne et donc de la protection d’urgence. Elle a rencontré le doyen, qui n’a pu la rassurer. « Avec le réseau Migrants dans l’enseignement supérieur (MEnS), on a rédigé une lettre ouverte pour alerter le gouvernement sur la situation de ces étudiants, précise Christine Fernandez-Maloigne. En attendant, on essaye de trouver une solution. »

DR

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