Artisanat - La formation, reflet du marché

On retrouve dans le monde de la formation et de l’apprentissage les mêmes tensions que sur le marché du travail, avec des sections qui attirent, d’autres non, et de nouveaux modèles qui s’installent.

Claire Brugier

Le7.info

La crise n’a fait qu’accentuer les tensions que certains secteurs de l’artisanat connaissent en matière de recrutement. Cette inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail est également ressentie au niveau de la formation.

« Cette année, nous enregistrons davantage de demandes d’entreprises, surtout dans l’hôtellerie-restauration, constate Sandie Hoedts, de la Maison de la formation. A ce jour, dans ce secteur, nous avons 
250 offres à pourvoir pour environ 150 candidats. » Soit 
50 de plus que l’an dernier dans un secteur qui affiche d’importants problèmes de recrutement. 
« Nous pouvons d’ores et déjà anticiper qu’une centaine d’offres resteront sans résultats. Et nous pouvons faire le même constat dans le secteur du commerce, tous niveaux confondus (CAP à Bac+3). »

Au CFA de Saint-Benoît, les 715 pré-inscriptions (contre 700 l’an dernier à la même époque) laissent présager une « rentrée sereine » selon Karine Desroses, la présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA). « Ce qui est rassurant, c’est que 323 jeunes (ndlr, au 15 juin) ont déjà trouvé une entreprise. Dans l’artisanat, aides ou pas, nous avons toujours pris des apprentis pour former nos futurs salariés ou repreneurs. C’est dans notre ADN ! »

Toutefois, les formations ne bénéficient pas toute de la même attractivité. « En alimentaire, les effectifs sont toujours exceptionnels mais nous avons depuis quelques années une crainte sur la section CTM vendeur en boulangerie-pâtisserie et on a toujours des difficultés à recruter », témoigne Karine Desroses, elle-même co-gérante d’une pâtisserie.

« Attirer les jeunes »

« Nous observons par ailleurs une hausse des inscriptions en maintenance des véhicules, sans doute en lien avec la conjoncture, et une petite baisse des inscrits en électricité alors qu’en face les offres des entreprises sont en hausse. Mais nous n’avons pas non plus en électricité un plateau technique des plus performants… » Sa rénovation suivra celle des pôles farine et viande. Comme sur le marché du travail, « il faut se donner les moyens d’attirer les jeunes », poursuit la présidente de la CMA, en citant la salle immersive de la section coiffure, le pistolet virtuel utilisé en carrosserie mais aussi « les concours », essentiels pour valoriser des filières. En témoigne l’exemple d’Emeric Labat (Le 7 n° 555), qui représentera la France en octobre prochain à Shanghai lors des Worldskills d’art floral.

« Il faut travailler sur la représentation des métiers », convient Véronique Dunaud. La directrice de l’Afpa de Châtellerault relève d’autres changements. « Face aux difficultés de recrutement, des entreprises ont mis en place un nouveau modèle économique qui inclut des formations en interne. » 
Conséquence : la section Conseiller relation client à distance est passée d’un taux de remplissage de presque 100% à 40%. Un exemple parmi d'autres. « Dans des secteurs, comme plaquiste, maçon ou agent de maintenance en bâtiment, on sent une demande forte des entreprises à recruter, au point que certains candidats se positionnent sur des formations mais n’y entrent pas ou n’y restent que quelques semaines car ils vont directement vers l’emploi. » Sans passer par la case formation.

Crédit : Françoise Roch – Région Nouvelle-Aquitaine.

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