Stéphane Pottier, sportif par procuration

Stéphane Pottier. 49 ans. Directeur général de l’Arena Futuroscope. Rennais de naissance, Parisien d’adoption, néo-Poitevin par passion. S’est, un jour, rêvé en sportif de haut niveau, avant de se rabattre vers les enceintes qui abritent les exploits des champions. Signe particulier : exigeant.

Arnault Varanne

Le7.info

On a tous en nous des idoles éternelles, de celles qui nous ont fait vibrer et gardent une place à part au Panthéon de l’intime. S’il n’avait qu’un artiste à programmer à l’Arena Futuroscope, ce serait Yannick Noah. « Je l’admire depuis que je suis gamin. J’ai pleuré en 83 quand il a gagné Roland-Garros. Je suis sûr qu’on ferait une belle fête avec tous ses potes du tennis ! » 
Stéphane Pottier a eu « la chance » de jouer au golf avec l’ancien capitaine des Bleus et chanteur à succès. Du rêve à la réalité, le directeur général de l’Arena ne s’interdit rien. Assez 
« discret » par nature -« j’ai passé l’âge de rechercher la notoriété »-,
il ne s’imaginait pas dans la peau du n°1 de cette nouvelle salle voulue par le Département, Bruno Belin en tête. Et puis le poste lui a été proposé, il l’a accepté et se projette désormais à plusieurs années dans la Vienne.

« Sous une bonne étoile »

« Poitiers, de par mes origines, ça m’évoquait plutôt Charles Martel ! », plaisante le fils d’infirmier et d’« assistante maternelle marocaine ». Avant d’ajouter : « Je n’avais aucun a priori ni volonté dingue de découvrir ce département, soyons honnête. » Tout juste situait-il le « 86 » sur la carte comme un point de passage obligé vers le Périgord vert, où sa famille avait des attaches. Son regard a changé, forcément, après plusieurs mois comme patron de ce tant attendu complexe sportif et culturel, semble-t-il né sous une bonne étoile. « Moi qui ne suis pas le local de l’étape, je suis super-content de découvrir un public de qualité, qui a un appétit dingue pour venir. C’est la vraie bonne surprise pour les professionnels du milieu, même si la marque Futuroscope nous a immédiatement portés. »

Entre le Trophée des champions de hand (3 septembre), le PB86 (1er octobre) et l’équipe de France de hand (13 octobre), Stéphane Pottier étanche sa soif d’exploits sportifs. Son domaine, la raison pour laquelle il a « quitté Rennes du jour au lendemain » 
pour se faire une place au soleil dans l’univers du sport-business parisien. « J’ai appelé mes copains rennais de l’Insep et j’ai recherché la bonne opportunité ! » L’ex-gardien de foot de l’équipe d’Ille-et-Vilaine est du genre pragmatique. Il a très tôt compris qu’il ne deviendrait pas professionnel. Encore moins sprinteur de haut niveau, en dépit de quelques belles performances collectives avec le Stade rennais. « 10’90’’ sur 100m, c’est bien pour la cour d’école, pas pour faire carrière ! Dans le sport, on ne réussit que si on est bon. Le haut niveau est sans pitié. » Alors, à défaut de créer l’exploit ou de le raconter -il a obtenu un DUT info-com à Lannion et été pigiste à Ouest France-, le Breton a préféré concevoir l’écrin. Dans son domaine de prédilection, ses inspirateurs s’appellent Philippe Baudillon, aujourd’hui PDG de Clear Channel France, Sébastien Bazin, actuel PDG du groupe Accor, ou encore Lionel Drexler, ex-gestionnaire du parc des Princes et dirigeant du PSG.

« Je me plais ici »

Dans leur ombre et à leurs côtés, de Sima international à Colony Capital, Stéphane Pottier a participé à « des tas d’aventures humaines », du Grand Stade de Lille à ceux de Bordeaux ou Nice, en passant par les Arenas de la porte de la Chapelle, de Bordeaux ou encore... du Futuroscope. 
« Exigeant », l’ancien collaborateur de Lagardère Sports and entertainment a même goûté à une parenthèse professionnelle de deux ans au Qatar. « Une belle découverte de la complexité du Moyen-Orient. Ça m’a rapproché de mes racines arabes. » A quelque 6 574km de Doha, son quotidien s’avère évidemment moins exotique mais tout aussi passionnant. « Je me plais ici, au milieu de ce bâtiment et de l’équipe que nous avons constituée. » Ça ne l’empêche pas de partager son temps entre Chasseneuil-du-Poitou et Paris. Question d’équilibre familial. Le quadra a deux ados de 14 et 16 ans à la maison. « J’ai toujours eu le souci de garder cet équilibre pour que je puisse donner le meilleur de moi-même. Mes garçons sont mes meilleurs potes dans la vie et je suis fier d’avoir su créer cette relation avec eux. »

Le décès de son père alors qu’il n’avait que 14 ans a évidemment « changé [s]on regard sur la vie ». Mais son « esprit de compétition » demeure. Au golf comme dans le business. On le dit parfois dur en affaires. 
« Quand je sens qu’il y a un déséquilibre, je n’hésite pas à le dire. Je dirais plutôt franc que dur », 
coupe-t-il. « Assez courageux », 
« fiable » et « respectueux » de son propre aveu, Stéphane Pottier reconnaît aussi une forme d’« impatience et d’exigence » parfois trop prononcées. Faute avouée... Yannick Noah n’a pas gagné Roland-Garros par hasard ! Au passage, l’invitation à l’Arena Futuroscope n’a aucune date de péremption. « Le rétroviseur sert juste à regarder ce qu’on n’a pas encore accompli, pas à se dire « c’était mieux avant. » Noah à l’Arena, chiche ?

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