Les structures adaptées 
passent à l’action

Appelez-les Esatco Poitou. Pour gagner en visibilité, les Esat de l’Unapei86 sont désormais regroupés sous une même marque. Le secteur adapté doit trouver des solutions pour faire face à une conjoncture économique tendue.

Le7.info

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Aux mêmes maux les mêmes remèdes. Les Etablissements et services d’aide par le travail (Esat), bien qu’appartenant au secteur médico-social, doivent faire face aux mêmes problématiques que les entreprises du secteur privé : fidélisation des clients, recherche de nouveaux marchés, recrutement, développement d’une « marque employeur »… L’Unapei86 lance ainsi officiellement ce mardi sur ses quatre sites -Lavausseau, Saint-Benoît, Lizant et Civray- la marque Esatco Poitou, rejoignant huit autres associations dans sept départements du Grand-Ouest. La démarche vient clore une période de restructuration qui a mis en évidence la nécessité de « gagner en visibilité », 
explique Sébastien Honoré, le directeur du Pôle travail adapté.

L’Unapei 86 aurait pu créer sa propre marque, comme son homologue d’Ille-et-Vilaine a par exemple développé Utopie, mais « lorsque l’on est plusieurs, on ne vous regarde pas de la même façon, on peut espérer aller chercher de grands comptes, organiser des co ou sous-traitances…, explique Sébastien Honoré. La règle de qualité, prix et délai s’applique avec la même exigence que dans le secteur privé. On vend des compétences, pas du handicap, sinon les clients, même s’ils étaient venus à nous pour des raisons sociales, ne resteraient pas. » La structure compte plus de 300 clients, essentiellement dans la Vienne. « Depuis les dernières crises, l’inclusion n’est plus une priorité pour eux, confirme Virginie Pereira, la directrice de Société Travail Services (STS), désormais installée à Poitiers. On est comme une entreprise classique. »

Pérenniser les emplois

Lancée en mai 2016 par deux structures médico-sociales, initialement avec deux collaborateurs, STS a vu ses effectifs augmenter rapidement. Pour la seule année 2021, elle a créé huit nouveaux emplois dans la relève de compteurs, grâce à un marché passé avec Sorégies, l’un des 180 clients de la société. 
« La majorité des soixante salariés sont en CDI, 70% sont en situation de handicap, souligne Virginie Pereira. Mais on a aussi des difficultés de recrutement. »

Dans un contexte économique particulièrement tendu, les entreprises du « secteur adapté » n’ont d’autre choix que d’user des mêmes stratégies que le 
« secteur ordinaire », sans perdre de vue leur vocation d’accompagnement des travailleurs en situation de handicap. Pour assurer la pérennité des activités et des emplois, les Esat de l’Unapei86, qui travaillent aussi bien avec les particuliers que des entreprises comme la centrale de Civaux ou des collectivités, se sont diversifiés (huit filières). Ils ont développé les activités de service, non délocalisables. « Lors des crises, les marchés de la sous-traitance, plus à risque, volatiles et fluctuants, sont souvent les plus touchés, ce qui n’est pas le cas de secteurs comme la blanchisserie, les espaces verts ou encore la restauration, qui nécessitent une proximité, analyse Sébastien Honoré. Cela permet donc de se pérenniser et d’offrir le plein emploi », en tenant compte de la demande mais aussi des compétences des travailleurs accompagnés. Ici comme ailleurs, des places sont vacantes faute de candidats, une vingtaine à Esatco Poitou qui emploie au total plus de 220 personnes. Sous cinq ans, 20% auront atteint l’âge de la retraite (62 ans). Chez STS, ce sont trois travailleurs qui manquent à l’appel.

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