L’âge, toujours un frein

En un an, Pôle Emploi a enregistré une baisse de 2,5% du nombre de demandeurs d’emplois seniors. Ils restent néanmoins nombreux, confrontés aux mêmes freins que les autres mais aussi à un déficit d’image persistant.

Claire Brugier

Le7.info

Dans la Vienne, 25% des demandeurs d’emploi sont des seniors. L’idée selon laquelle, passé un certain âge, il serait plus compliqué de renouer avec le monde du travail ne se dément donc pas même si le nombre des plus de 50 ans inscrits à Pôle Emploi (7 484) affiche dans la Vienne une baisse de 2,5% sur un an (contre -5,4% des demandeurs d’emploi tous âges confondus). Ce chiffre recouvre toutefois une réalité plurielle. « Lorsque l’on considère l’ancienneté d’inscription, on note une diminution forte chez les chômeurs seniors inscrits depuis 24 mois et plus (-10,1%), tandis que le nombre de ceux inscrits depuis moins de 12 mois est en augmentation de 5,8% par rapport à l’an dernier, ce qui diffère avec les autres catégories d’âge », constate Radia Mahdi. Parmi les hypothèses susceptibles d’expliquer cette disparité, la directrice territoriale Vienne de Pôle Emploi en pointe une tout particulièrement. « Il faut différencier la perte d’emploi liée à un licenciement et ce qui peut être un chômage choisi. Ces derniers mois, depuis la crise sanitaire, nous avons observé beaucoup de reconversions, avec un chômage lié à des ruptures conventionnelles ou à des démissions. » 


Travailler sur 
la représentation

Ce constat n’élude évidemment pas les principaux freins à une reprise du travail que sont « l’exclusion numérique, l’état de santé et la mobilité, notamment dans les territoires ruraux ».
Communs à tous les demandeurs d’emploi, ils affectent particulièrement les plus âgés. 
« Les seniors, parce qu’ils sont installés, réduisent souvent d’eux-mêmes leur zone de mobilité. Et ils méconnaissent parfois le marché du travail sur leur territoire faute de maîtriser l’outil numérique, car les employeurs passent de plus en plus par Internet pour diffuser leurs annonces. » 


Pôle Emploi a enregistré une augmentation de 37,6% du nombre d’offres en un an. « Le potentiel est là. Des secteurs comme les transports, la santé et tout ce qui est administratif embauchent des seniors. » Mais le niveau de qualification pèse aussi. « Le taux de chômage est en hausse de 5,6% sur un an chez les seniors pas ou peu formés et en baisse de 7,3% chez les titulaires d’un CAP ou BEP. »


Des leviers existent, comme le Parcours emploi compétences (lire ci-dessous) ou, plus ciblé, le CCD senior. 
« Nous travaillons aussi beaucoup sur la représentation des seniors dans les entreprises, notamment à travers l’immersion professionnelle, poursuit Radia Mahdi. Il y a un double regard à changer. Ce public a tendance à se dévaloriser. » Dans un contexte de recul de l’âge de la retraite, Pôle Emploi prône plus que jamais « une approche par compétences ».
 

"Je ne vois pas l'âge"

A l’Ecole de la Sagesse, à Mirebeau, l’emploi de seniors en contrat aidé est presque devenu une habitude.

« Je n’ai jamais été déçue », confie la directrice Patricia Jevaud.Depuis plusieurs années déjà, l’Ecole de la Sagesse, à Mirebeau, emploie des personnes inscrites dans le Parcours emploi compétences (PEC) mis en place par Pôle Emploi, souvent des seniors, avec les avantages que cela comporte. « Lorsque je reçois la personne, je ne vois pas l’âge mais ses compétences et sa motivation », 
souligne Patricia Jevaud. Voilà deux ans, la directrice de l’établissement a recruté dans le cadre de ce contrat aidé Nathalie, 58 ans. « Je me souviens, elle m’a envoyé son CV, puis elle m’a appelée et elle s’est déplacée, elle avait vraiment envie de travailler. C’est aussi une personne calme et bienveillante, qui convient pour les enfants. » Surveillance de la garderie et de la cour, facturation, ménage, Nathalie est polyvalente et particulièrement souple lorsqu’il s’agit de modifier les plannings. 
« Désormais, elle fait même aussi un peu de comptabilité et de secrétariat, précise Patricia Jevaud. Avec les personnes plus âgées, je n’ai jamais été déçue. Je savais qu’il faudrait la former, ce qui demande beaucoup de temps et d’énergie. Mais Nathalie connaissait déjà le monde du travail et elle s’est adaptée à tous les postes. L’âge peut vraiment être un atout. » Et le dispositif du PEC prend en charge une grande partie de la rémunération.

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