Les sourds de Poitiers 
touchent au but

Le Club sportif des sourds de Poitiers (CSSP) a terminé sur le podium des phases finales du championnat de D1 de futsal, à Bourges début mars. Une réussite à laquelle le coach Grégory Sedek n’est pas étranger.

Arnault Varanne

Le7.info

Et si le Club sportif des sourds de Poitiers disputait la Ligue des champions l’année prochaine ? 
« Ce serait un truc dingue ! » Sourire aux lèvres, Grégory Sedek est encore sur son petit nuage. Les 4 et 5 mars, « son »
équipe de futsal a épaté son monde lors des phases finales du championnat de France de D1, terminées à la 3e place derrière l’intouchable armada parisienne et Reims, tombeur des Poitevins en demie (4-2). Mais comme les Champenois ont refusé de participer à la Coupe aux grandes oreilles la saison dernière, l’ancien pensionnaire du Stade poitevin se prend à rêver d’une aventure encore plus grande avec le CCSP. Et dire qu’il y a un an, il a découvert son existence par hasard, dans la presse... « J’ai vu que le club cherchait un coach pour encadrer l’équipe, ça m’a touché et comme je maîtrise les bases de la langue des signes, j’ai proposé mes services », glisse celui qui a fait de Jaunay-Clan l’un des meilleurs clubs de futsal de la région. 


« Un langage corporel assez fort ! »

Un ou deux mails échangés, et l’affaire était conclue. L’éducateur sportif a démarré sa mission en septembre, avec la même exigence qui l’a escorté tout au long de sa carrière. 
« Les gars sont vraiment impliqués et ont bien progressé ces sept derniers mois. Mon frère (Gaëtan) s’occupe plus spécifiquement des gardiens. Le fait que je sois entendant ne pose pas de problème. Je me fais bien comprendre et j’ai un langage corporel assez fort ! » 
Mickaël Perraud confirme que la greffe a été immédiate. « C’est la première fois qu’on joue les phases finales, c’est vraiment exceptionnel », appuie le président-joueur du CSSP. A raison de deux séances par semaine, entre les salles Aliénor-d’Aquitaine, à Poitiers, et André-Messy, à Buxerolles, les protégés de Grégory Sedek ont toujours faim. Et ça tombe bien puisque le challenge Rubens (équivalent de la Coupe de France) se poursuit au printemps. Les Poitevins se déplaceront à Nancy le 25 mars pour un mini-tournoi face aux Lorrains, Arras et Mons. Rebelote quelques semaines plus tard. Avec toujours autant de soutien populaire ? Le coach du CSSP a été impressionné par le coup de main apporté par les membres de la communauté sourde à Bourges. 


« Des bénévoles nous ont accompagnés là-bas, ont préparé nos repas, fait le ménage... Il y avait aussi une quinzaine de supporters. Je n’ai jamais vu une telle qualité d’engagement associatif... » Cette démonstration de force dans les tribunes et en coulisses se double d’une intense activité sur les réseaux sociaux. Au point que l’ex-joueur-entraîneur de Jaunay-Clan se pose déjà la question d’une deuxième saison sous les couleurs du club. Bénévole et heureux de tisser des liens avec les entendants.

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