La résidence 
Edith-Augustin 
en résistance

Le conseil d’administration du CCAS de Poitiers doit valider mercredi les fermetures de la crèche familiale et de la résidence seniors Edith-Augustin. Occupée par la CGT Territoriaux, cette dernière fait l’objet d’une importante vague de soutien.

Steve Henot

Le7.info

C’est une partie de leur avenir qui se joue mercredi. A l’issue de la réunion du prochain conseil d’administration du CCAS de Poitiers, les 55 aînés de la résidence Edith-Augustin sauront s’ils doivent bien quitter les lieux, comme cela leur a été annoncé il y a quelques semaines. Mais personne ici ne s’imagine vivre ailleurs. « Le 1er août, ça fera dix-huit ans que je suis ici, je m’y plais, confie Jean-Baptiste, 83 ans. Si je dois aller ailleurs, je serai perdu. » 
Mauricette, 92 ans, se dit 
« stressée » par la situation et n’a pas été emballée par les autres résidences autonomie qu’on lui a fait visiter. « On fait tout ce que l’on peut pour pouvoir rester ici », soupire-t-elle.


Ces derniers jours, les résidents ont reçu des visites comme jamais auparavant, et autant de marques de soutien. Un cortège entier de manifestants contre la réforme des retraites le 11 mai, le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste Philippe Poutou jeudi dernier, un article dans le Canard Enchaîné… Et de nombreux habitants venus signer la pétition, dans le hall du bâtiment. « J’envisageais de venir ici le jour où je ne pourrais plus habiter seule, pour rester dans le quartier », glisse notamment une voisine. Ce soutien a « ressoudé les résidents », 
observe Yves, gardien de la résidence depuis trente-quatre ans. « Ils sont tellement heureux d’être là… Humainement, fermer cet établissement est une catastrophe pour eux », glisse l’agent, avant de réprimer un sanglot.


« Engagés à ne mettre personne dehors »

Depuis deux semaines, la résidence est occupée par la CGT Territoriaux qui dénonce une fermeture brutale, sans concertation. Les autres syndicats et l’opposition municipale ont appelé à une suspension de la décision du CCAS de Poitiers. « Ce 
n’est pas un choix que l’on a fait à partir d’un simple tableau Excel, répond sa vice-présidente, Coralie Breuillé-Jean. On observe, comme partout en France, un taux d’occupation des résidences autonomie en baisse(*). Il est de 75% sur nos quatre résidences. Les besoins et envies des personnes âgées ont changé. Mieux vaut prendre des décisions avant le point de non-retour. » 


Les 55 résidents d’Edith-Augustin ont jusqu’au 15 avril pour dire dans quelle résidence ils souhaitent déménager (35 logements disponibles) et avec quelles personnes à leurs côtés. « On ne casse pas les groupes d’amis et on leur laisse le choix de déterminer la date de leur départ, veut rassurer l’adjointe aux Solidarités et à l’Action sociale. On s’est engagé à ne mettre personne dehors. S’il reste des résidents au-delà du 31 décembre, ils ne devront pas être moins de 15 pour éviter qu’il y ait de l’anxiété. » 
Du côté des 11 agents titulaires de la résidence, ils pourront être accompagnés sur une mobilité vers une autre fonction ou un poste semblable. Certains ont déjà exprimé leur souhait de travailler dans un autre service de la collectivité, d’autres sont prêts à accompagner les résidents jusqu’à bout. Quant au futur de l’immeuble, son propriétaire Ekidom réfléchit à sa réhabilitation. « Quel message cela envoie aux familles ? Qu’on les a déjà remplacés sur le principe », s’indigne le patron de l’Union départementale Force Ouvrière, Alain Barreau.


(*)Rapport de juillet 2022 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.

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