Pro et perso, 
le difficile équilibre

L’articulation entre vies familiale et professionnelle est au cœur d’une enquête réalisée par l’Union nationale des associations familiales. Plus de deux tiers des familles poitevines disent éprouver des difficultés à concilier les deux.

Arnault Varanne

Le7.info

Laurence(*) est maman d’une fillette de 5 ans, sans parents à proximité. Alors, oui, 
« travailler à temps plein est une charge quand on doit tout gérer seule ». Dans son dernier poste de formatrice, la Poitevine a découvert sur le tard que son contrat ne comportait pas de jour enfant malade. « Quand vous gagnez 1 390€ et que vous perdez 70€, c’est dur. » 
Après un burn out, Laurence compte se reconvertir dans la menuiserie.

De son côté, Caroline 
Artero-Rousselot est fonctionnaire territoriale et avoue 
« jongler au quotidien ». A l’autre bout du fil, le ton est léger mais le sujet un peu moins. La directrice du service Economie-Emploi-Enseignement supérieur de Grand Poitiers reconnaît sans ambages qu’« être parent d’un enfant en situation de handicap est compliqué. Il faut gérer les rendez-vous avec l’ergothérapeute, l’orthophoniste, le psychologue. On est forcément impacté sur notre temps perso et parfois en difficulté dans la vie professionnelle. » Et encore la présidente de Dys en Poitou peut-elle s’appuyer sur son mari qui « travaille en horaires décalés ». « Sans cela, l’un de nous aurait été obligé d’arrêter de travailler ou de se mettre à temps partiel. Je connais une maman qui a dû prendre tous ses vendredis et lundis après-midi pour emmener son fils dans un institut. Autant dire qu’il ne lui restait pas beaucoup de vacances derrière. »

« Eviter des frais de garde trop élevés »

Cette réalité, des millions de familles la vivent tous les jours en France, selon l’enquête réalisée par Opinion Way pour le compte de l’Union nationale des associations familiales. L’institut a interrogé 2 500 parents, dont 101 dans la Vienne. Quatre parents sur dix ont déjà réduit ou interrompu leur activité plusieurs fois par mois au cours des douze derniers mois pour s’occuper de leur enfant. Par ailleurs, 67% des parents de la Vienne éprouvent des difficultés à concilier les deux, notamment en raison de « la difficulté de recourir aux proches et de la rigidité des horaires de travail ». 
C’est particulièrement vrai pour les familles monoparentales, dont 25% ne travaillent pas à temps complet « pour éviter des frais de garde trop élevés. »
 48% des répondants de la Vienne demandent « des horaires flexibles au quotidien » 
et 33% « plus de souplesse sur le télétravail ».

Les employeurs interpellés

« La question du temps est clairement une préoccupation exprimée par les parents », témoigne Jessica Boutin, coordinatrice du Café des enfants de Chauvigny. L’association propose ainsi un café des Simons -réservé aux hommes- le vendredi 
28 avril, de 20h à 22h, sur le thème « avoir du temps pour soi ». Tout sauf simple, a fortiori lorsque les enfants sont en bas âge. « Les parents ont plus de difficulté à venir nous rencontrer, ils priorisent », constate Annie Lemaçon, bénévole à l’Ecole des parents et des éducateurs de la Vienne.

L’Udaf évoque de son côté 
« des difficultés accrues depuis quinze ans », notamment « autour des années d’entrée à l’école ». « Beaucoup de parents réduisent leur activité professionnelle pour s’occuper de leurs enfants et c’est encore plus vrai des jeunes générations », insiste l’Udaf. Sa présidente Sophie Bouilleau a prévu d’interpeller les acteurs publics et les entreprises locales de manière à « mettre en œuvre des actions qui améliorent le quotidien des familles ».

(*)Prénom d’emprunt.

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