Violences sexuelles : vigilance accrue 
dans les cabinets

La libération de la parole sur les violences sexuelles a conduit ces dernières années à une plus grande vigilance des actes effectués dans les cabinets de kinésithérapie et médicaux. Les pratiques des professionnels ont donc évolué en conséquence.

Steve Henot

Le7.info

L’affaire a marqué la profession dans la Vienne. En octobre 2020, un kinésithérapeute a été condamné à huit ans d’emprisonnement par la cour d’assises de Poitiers pour des viols commis dans son cabinet et des agressions sexuelles sur mineurs. « Cela entame la confiance dans nos métiers », 
déplore Christophe Alberti, président du conseil de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes de la Vienne. 


L’an dernier, le conseil national de l’Ordre révélait enregistrer environ 30 plaintes par an pour des infractions sexuelles au sein des cabinets de kinésithérapie, chiffre qui a doublé depuis 2017. C’est pourquoi l’institution a édité un livret d’information intitulé « Pour une relation thérapeutique saine et sécurisée » et un 
« déontomètre », qui permet d’évaluer la relation avec son kiné. « Nous sommes le premier Ordre à avoir fait ça, souligne Christophe Alberti. Il s’agit de montrer qu’on travaille en toute transparence. » 
Dernière action en date, la signature d’un protocole de transmission des signalements d’infractions sexuelles avec les parquets, dont celui de Poitiers. Son but ? Faciliter la communication entre l’autorité judiciaire et les conseils national et départemental de l’Ordre dans les cas de signalements d’infractions. « Ça fonctionne, assure Cyril Lacombe, procureur de la République. Il y a un échange simplifié, des conseils, des réponses aux questionnements… C’est important quand une autorité sait qu’elle peut informer directement le parquet. » 


Des pratiques 
qui ont évolué

L’attente de la société au sujet des violences sexuelles est d’autant plus forte aujourd’hui que la profession a dû faire évoluer ses pratiques. Ainsi, la rééducation uro-gynécologique ne peut désormais se faire que sur prescription médicale, avec une information préalable au patient. Cette « nouvelle donne » 
n’est pas sans s’imposer aux professions médicales, faisant émerger des problématiques inédites. Notamment en radiologie, où deux plaintes ont été déposées ces cinq dernières années dans la Vienne (une toujours en cours, l’autre classée sans suite). « Le radiologue n’est pas vu comme un médecin ayant accès à ces zones intimes, précise le Dr Henri Dieulangard, président du conseil de l’Ordre des médecins de la Vienne. Il y a eu des cas où des patientes ne s’attendaient pas à l’introduction de sondes vaginales. »


Désormais, pour ce type d’actes, la signature d’un formulaire de consentement éclairé est de plus en plus requise en amont, de même que la présence d’un(e) assistant(e) pendant l’intervention. « On nous demande beaucoup de consentement et c’est du bon sens, souligne Christophe Alberti. La communication avec le patient est ce qui fonde notre métier. » C’est tout l’intérêt du cours de prévention sur les violences sexuelles dispensé depuis la rentrée en dernière année à l’école de kinés de Poitiers. Cours mis en place à la demande des élèves…

DR - Adobestock

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