Hier
Des taux importants de métabolite de chlorothalonil, un fongicide interdit depuis 2019 en France, ont été retrouvés dans des captage de Cuhon et Saint-Genest-d’Ambière. La potabilité de l’eau est désormais rétablie mais sous surveillance rapprochée.
Sa commercialisation est interdite en France depuis 2019 mais le chlorothalonil, un fongicide principalement utilisé dans les cultures céréalières, a laissé quelques traces de son passage dans le sous-sol de la Vienne. En avril dernier, un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a en effet révélé la présence d’un métabolite -un produit de dégradation- à un taux supérieur à 3 microgrammes/litre dans des captages situés à Cuhon (3,4µs/l) et à Saint-Genest-d’Ambière (3,3 µg/l). Ces cas ne sont pas isolés. Un tiers de l’eau potable distribuée en France dépasserait cette valeur sanitaire transitoire établie par l’Anses, en attendant le calcul d’une valeur sanitaire maximale (Wmax).
« Dans le secteur de Lencloître (ndlr, 5 000 habitants), on a frôlé la limite et on est passé ponctuellement au-dessus », confirme Eaux de Vienne. En réaction, le syndicat public de gestion de l’eau a fermé l’un des trois forages de Saint- Genest-d’Ambière, puis un deuxième -réouvert la semaine dernière- et mis en place des interconnexions avec les réseaux voisins. Par mesure de précaution, le préfet de la Vienne a préparé un plan Orsec ; des bouteilles d’eau sont arrivées par palettes à Lencloître, à raison d’1,5l par personne et par jour. En fin de semaine dernière, un charbon actif non saturé et plus efficace contre le chlorothalonil a été installé dans la station de traitement. « Aujourd’hui, le taux est redescendu à 1,5microgrammes/l d’eau », rassure Eaux de Vienne. Henri Colin, le maire de Lencloître, parle donc d’un « exercice à blanc ». « Cela nous a permis de constater nos difficultés, dans le cadre de la RGPD, à connaître le nombre de personnes par foyer, mais aussi qu’il fallait prévoir du personnel pour effectuer les livraisons... »
Restrictions
A Cuhon, le forage qui présentait une valeur sanitaire provisoire supérieur à 3µg/l a été neutralisé rapidement. Il ne rouvrira « sans doute pas avant la fin de l’année ». « La difficulté de ce territoire (ndlr, 11 communes) est qu’il est naturellement sensible à la sècheresse, explique-t-on à Eaux de Vienne. Elle n’est pas un facteur aggravant de la pollution mais, en fermant un forage sur trois, on restreint la ressource disponible. » Deux arrêtés préfectoraux ont été pris pour limiter les consommations agricoles et des particuliers.
De son côté, l’Agence régionale de santé poursuit ses analyses sur les 140 captages et la centaine d’unités de distribution de la Vienne. « Les taux se situent entre 0,1 et 3µg/l sur l’ensemble du territoire », rassure Philippe Vansyngel, responsable du pôle santé-environnement. Désormais la mesure du métabolite de chlorothalonil R471811 est intégrée aux quelque 4 000 mesures de contrôle de l’eau.
À lire aussi ...