Beaurepaire s’ouvre au monde

A Loudun, l’ancien château de René Monory ouvre ses portes au grand public à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Ainsi en ont décidé Emile Pennekamp et Patricia Smith, propriétaires du Domaine de Beaurepaire, transformé le temps d’un week-end en repaire d’art contemporain.

Arnault Varanne

Le7.info

Il l’appelle » René » avec une certaine tendresse. Pourtant, Emile Pennekamp n’a pas connu l’ancien patron du Département et du Sénat, décédé en 2009(*), seulement Michèle, sa fille disparue tragiquement dans un accident d’avion à la mi-août 2023. A dire vrai, le Franco-Néerlandais n’était pas le premier sur la liste des acquéreurs du château de Beaurepaire, ses 450m2 habitables, 9,5 hectares de bois, 
2 000m2 de vignes et son étang. Sauf que... le futur propriétaire a calé sur la dernière marche, et voilà comment le consultant en économie circulaire pour le ministère de l’Ecologie néerlandais et sa compagne Patricia Smith, peintre et dessinatrice new-yorkaise, ont atterri ici, dans le Nord-Vienne. « En fait, nous habitions dans un ancien presbytère dans la Manche. Mais il pleut beaucoup là-bas et la demeure était sombre... », retrace le couple.

Des documents du Sénat au grenier

Si Emile et Patricia ont mis le cap sur le Sud -enfin, le nord du département-, c’est aussi pour se rapprocher de la mère d’Emile, qui réside à Limoges. « On ne rêve jamais d’avoir un château ! », 
plaisante le propriétaire. Lequel a transformé son quotidien en « chantier permanent » pour faire souffler sur la bâtisse des XVIIe et XVIIIe siècles, rénovée au XIXe, un vent de fraîcheur. Dans la minuscule chapelle à l’entrée de Beaurepaire, des vitraux patientent sagement dans l’attente de supplanter les austères volets en bois. Ce sera après ce week-end, d’exception, la première fois de l’ère moderne que le domaine s’ouvre au regard extérieur. Les visiteurs ne pourront pas accéder au grenier, vestige de quelques archives papier du Sénat, ni même emprunter l’ascenseur que René Monory avait fait bâtir à côté de la cuisine pour ses vieux jours. Mais si l’ancien poulailler a disparu 
-« René donnait tout le temps des œufs à son chauffeur ! », 
l’étang où le Shérif aimait pêcher a traversé le temps, alimenté par une source elle aussi sur le domaine. De la même manière, Emile Pennekamp perpétue la tradition viticole, avec 200 bouteilles du Domaine de Beaurepaire, en bio, SVP.

Centre d’art contemporain

Mais parce que les plaisirs se conjuguent au pluriel dans ce coin du 86, les visiteurs du week-end des Journées du patrimoine auront droit à une exposition d’art contemporain intitulée Le paysage et le déplacement. A l’affiche, huit artistes en résidence venus d’Italie, d’Allemagne, des Etats-Unis... pour montrer leurs peintures et sculptures. Au premier étage d’une dépendance retapée, des arts sonores s’inviteront même au détour de la visite. « On ressent de bonnes vibrations ici », se félicite Patricia Smith, dont l’atelier flambant neuf sera sûrement une source d’inspiration. Loin de sa galerie d’art new-yorkaise et du tumulte de Big Apple, mais très près de l’idée qu’elle se fait désormais de la vie, dans le calme et la volupté de la campagne loudunaise.

Domaine de Beaurepaire, Loudun. Ouverture de l’exposition Le Paysage et le déplacement samedi et dimanche de 11h à 18h avec 8 artistes internationaux. Entrée libre. Plus d’informations à chateaubeaurepaire@gmail.com. 



(*)Son épouse Suzanne s’en est allée en juillet 2016.

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