« Remise en jeu » par le sport

L’ES Buxerolles et l’Asa des Couronneries, à Poitiers, sont les premiers clubs de football de la Vienne, et jusqu’à tout récemment de Nouvelle-Aquitaine, à porter « Remise en jeu », un dispositif original de réinsertion par le sport à l’adresse des 16-25 ans.

Claire Brugier

Le7.info

Favoriser la réinsertion de jeunes âgés de 16 à 25 ans grâce au sport, tel est le projet imaginé par Robert Salaün. Après avoir usé les maillots de quelques clubs de foot de la Vienne et enseigné l’EPS, le retraité breton a créé une association et surtout un dispositif original. « Remise en jeu »(*) a largement essaimé en Bretagne avant d’oser poser ses crampons sur d’autres terrains. Puis c’est logiquement que Robert Salaün a porté son regard vers la Vienne. L’ancien Poitevin d’adoption n’a pas eu à batailler longtemps pour convaincre Manuel Balmer et Arnaud Augereau, les dirigeants de l’ES Buxerolles et de l’Asa des Couronneries, de rejoindre l’aventure, en lien avec la Mission locale. « L’objectif est de permettre par le sport, et non la performance sportive, de réinsérer des jeunes dans un avenir professionnel », résume Manuel Balmer.

Depuis le mois de juin et pour une durée de huit mois, quinze jeunes -quand certains partent, d’autres restent- sont accueillis au complexe Québec, à Poitiers. Encadrés par Coralie Poiron et Ariel Codo, ils partagent leurs journées de six heures entre apprentissage scolaire et… football. Pourquoi le ballon rond ? « On a choisi le foot car c’est le sport le plus populaire, qui pouvait nous ramener le plus de jeunes, note Robert Salaün. Globalement, le foot nous permet de mobiliser 60% de jeunes inconnus des Missions locales. » D’autres sports s’immiscent parfois (tennis, basket, tennis de table, marche…), mais quel que soit le terrain, « nous sommes plus regardants sur les comportements des uns avec les autres que sur les performances », explique Ariel.

Un suivi individualisé

Partie intégrante de l’accompagnement, la remise à niveau scolaire est individualisée. « J’ai fait cinq ans d’apprentissage en mécanique, explique Mamadou, 18 ans, arrivé depuis peu en France. J’ai surtout besoin d’apprendre à mieux parler français car j’ai pris du retard quand j’étais en Guinée. » Au terme de deux mois de « Remise en jeu », il aspire désormais à décrocher un stage dans un garage. Pour Jamin, 
17 ans, ce sera une formation qualifiante de conseiller de vente. Le jeune Guyanais, arrivé seul en France voilà un an, veut laisser derrière lui ses démêlés avec la justice. Quant à Dylan, 26 ans, habitué à encadrer les enfants au sein de l’Asa des Couronneries, il confie avoir été « attiré par le côté sportif » de cette formation. Plus que deux stages et il aura validé son Bafa, un premier pas reconnu vers l’animation.

« Nous avons 80% de sorties positives, que ce soit vers un emploi ou une formation qualifiante », analyse Robert Salaün, satisfait de constater que le réseau, avec le soutien financier de l’Etat, ne cesse de s’étoffer. La Rochelle, Limoges, Guéret, Angoulême l’ont récemment rejoint, et Niort bientôt, soit déjà 51 salariés qui se chargent de la « Remise en jeu ».

(*)Le dispositif « Remise en jeu » a été lauréat en septembre dernier des Trophées Sport et 
Management 2023.

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