Les piscines Tournesol à l’épreuve du temps

Nées dans les années 70 pour réconcilier les Français avec la natation, les piscines Tournesol ont fleuri aux quatre coins du pays. Il en reste deux à Chauvigny et Poitiers. Pratiques, économiques et modulables, elles permettent encore l'initiation à la nage.

Pierre Bujeau

Le7.info

Celle de Chauvigny vient de fêter son demi-siècle ! Reconnaissable à leur forme devenue iconique, les piscines Tournesol ont marqué le paysage de nombreuses villes françaises et gravé des souvenirs dans la mémoire de plusieurs générations. Mais voilà, ce qui fut un outil facilement transposable et peu coûteux dans les années 70 est menacé de disparition. En cause : sa voracité énergétique. « A l’époque, ces piscines n’étaient pas conçues pour être écologiques », explique Jérôme Mullion, responsable des équipements sportifs de Grand Poitiers. Pour les maintenir à flot, il faut désormais que les collectivités mettent la main à la poche. Et dans un contexte budgétaire tendu, la question de leur avenir se pose. Attachée à l’histoire et à la praticité de ce modèle -fermé l’hiver, ouvert l’été- Grand Poitiers a fait le choix de préserver la piscine Tournesol de Chauvigny 
(55 000 visiteurs par an). 
« D’importants travaux ont été réalisés en 2004 (6M€) pour améliorer l’isolation et le traitement de l’eau et de l’air afin de la mettre aux normes », précise Jacques Charles, responsable de l’établissement. Conséquence, la température de l'eau du bassin chauvinois a quelque peu baissé pour réduire la consommation d’énergie et la fréquence de vidange, passée de deux à une fois par an. Même volonté pour la piscine de la Blaiserie, qui accueille chaque année 72 000 visiteurs. « Au-delà de l’aspect énergétique, il y a un aspect de santé publique à ne pas occulter », 
indique Jérôme Mulon. Des centaines de milliers de bambins, dont de futures stars des bassins -Alain Bernard et Laure Manaudou, pour ne citer qu’eux- ont fait leurs premières brasses dans une piscine Tournesol.


Projet 1 000 piscines

Tout est parti d’un constat dressé à la fin des années 60 : 
les Français sont de mauvais nageurs. Deux événements ont motivé une réponse politique : les mauvais résultats de l’équipe de France de natation aux JO de Mexico en 1968, puis la noyade de 19 enfants dans la Loire et de 24 personnes lors du naufrage d’un bateau sur le lac Léman. Face à la situation, le président Pompidou a missionné son ministère chargé des Sports pour réapprendre la nage à ses concitoyens. Dès 1969, l’Etat a lancé le projet des 1 000 piscines, visant à mailler le territoire d’équipements standardisés et rapides à monter. Au total, 183 piscines Tournesol ont vu le jour, dont trois dans la Vienne : à Loudun (ouverte en 1976, fermée en 2019), à Chauvigny (1975), et à la Blaiserie à Poitiers (1980).

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