Fast fashion : 
les alternatives poitevines

Le Sénat doit voter ce mardi une proposition de loi visant à réduire l'impact environnemental de l'industrie textile. Dans la Vienne, les initiatives pour défendre et promouvoir la mode responsable se multiplient.

Arnault Varanne

Le7.info

Votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale en mars 2024, la « loi fast fashion » poursuit son parcours parlementaire ce mardi au Sénat. Dans le viseur désormais, les géants du textile chinois tels que Shein ou Temu, et uniquement eux. Si les sénateurs ont introduit quelques amendements (redéfinition d’une mode ultra express, taxe sur les petits colis de 2 à 4€...), le texte préserve un système de bonus-malus environnemental (de 5€ en 2025 à 10€ par vêtement en 2030), l’interdiction de la publicité dans les médias traditionnels... Un arsenal de mesures censées limiter l’influence de Shein et consorts. Suffisant ? 
« On est face à un monstre, mais c’est utile de se battre et de mettre en lumière ces problématiques. Shein produit jusqu’à 
10 000 collections par jour, fait travailler des enfants 75 heures par semaine, ne respecte pas les normes environnementales... Mais il faut voir que le premier critère de choix numéro 1 reste le prix », soupire Guillaume Philippe.

« Sensibiliser 
sans culpabiliser »

Le fondateur du Festival de la mode responsable -et sans doute bientôt du premier tiers-lieu du genre à Poitiers (Le 7 n°687) le dit sans ambages : 
« Il y a un énorme travail de sensibilisation à faire auprès des jeunes, les premiers consommateurs. Shein est la marque préférée des 
18-24 ans. » Un mouvement de résistance auquel Charlotte Bura compte bien contribuer. En 2023, la formatrice a fondé la SAS Texticologie, contraction de textile et d’écologie. « A l’époque, on ne parlait pas autant de fast fashion, mais j’ai été la première à tomber des nues quand j’ai commencé à m’intéresser au sujet pour préparer un atelier avec Essaimons (entreprise d’insertion châtelleraudaise, ndlr). Aujourd’hui, 
145 colis chinois arrivent toutes les secondes en France. » La texticologue a donc imaginé un kit pédagogique sous la forme d’un « jeu en équipes très inclusif » pour « sensibiliser sans culpabiliser ». Depuis un an, le jeu a été testé et approuvé dans une trentaine d’ateliers et auprès de 300 personnes d’horizons très différents à Poitiers, Paris ou encore Lyon. Des débuts encourageants.

Hologram, un exemple

Si Shein ou Temu provoquent des dégâts environnementaux et économiques (plans sociaux chez Naf Naf, Jennyfer, rachat de Pimkie), certaines marques résistent. A l’image d’Hologram Clothing, fondée en 2016 par trois Poitevins et toujours implantée dans la Vienne. « On privilégie la qualité à la quantité, remarque Florian Artu. Le sweat qu’un père de famille nous achète aujourd’hui, son fils pourra le porter demain. » 
Les quelque 10 000 pièces écoulées chaque année par Florian, Karim et Thomas sont fabriquées à 95% au Portugal. 
« On voit clairement l’impact de l’industrie textile, on doit tous se sentir concernés. Hologram se positionne sur un segment premium mais pas de luxe. » Les artistes Angèle, Tiakola ou plus récemment SDM constituent ses ambassadeurs de choix. Des influenceurs de la mode responsable bienvenus.
 

Qu'en pensent nos sénateurs ? 
Sollicité par la rédaction, Bruno Belin n'a pas souhaité s’exprimer sur le sujet de la fast fashion. De son côté, Marie-Jeanne Bellamy justiife la mofication du texte adopté à l'Assemblée nationale : "L'enjeu pour la filière textile aujourd'hui est de parvenir à concilier engagements environnementaux et développement économique. Dans une logique d’efficacité, nous avons fait le choix d'adapter la définition de la mode éphémère afin de viser précisément l'ultra fast fashion, sans impacter les entreprises françaises, estime la sénatrice. Aussi, il était important d'agir et d'agir vite, pour sauver nos emplois français et protéger les consommateurs de produits qui ne respectent pas nos normes de protection environnementales et parfois même nos normes sanitaires. Après, il faut également entendre les inquiétudes des Français en termes de pouvoir d'achat et les aider à trouver des alternatives à ces produits de mauvaise qualité. Il est important de les rassurer et de les guider dans leurs choix de consommation, car ces alternatives elles existent déja...Vinted, friperies,..." Leur vote sera en revanche consultable sur le site Internet du Sénat.
DR Sébastien Laval

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