Affaire de pédophilie : 
l’onde de choc

Une cinquantaine de parents d’enfants scolarisés à Valdivienne et Chauvigny ont manifesté samedi. Ils se sentent abandonnés par les autorités, alors que l’enquête ouverte pour des faits de viol(*) et à l’encontre d’un ancien animateur périscolaire leur semble opaque.

Arnault Varanne

Le7.info

« En théorie, quand on laisse son enfant à l’école, on a confiance... » C’est ce que pensait Sara avant la révélation par nos confrères de La Nouvelle République de l’arrestation puis de la mise en détention provisoire, le 23 mai, d’un ancien animateur de l’accueil de loisirs de Valdivienne et de l’école maternelle des Guiraudières, à Chauvigny. « Nous n’avons eu aucune information avant le 6 juin », déplore-t-elle. En janvier 2025, la maman de Jeanne a pourtant récupéré sa fille de 4 ans « avec de la crème de change pour bébé au niveau des parties intimes ». De quoi éveiller ses premiers soupçons, malgré un message rassurant de la maîtresse et de l’Atsem de Jeanne. 
« Forcément, quand on a su, cette image m’est revenue en tête. Je n’ai pas su tout de suite comment aborder le sujet avec ma fille... jusqu’à ce que je lui montre une photo de cette personne. Elle est devenue blanche. » 


« Il est plus là 
le monsieur méchant ? »

La fillette a parlé, évoquant 
« le monsieur qui s’occupait de moi à la garderie et m’a montré son zizi. Il m’a tapé avec et m’a fait pipi dans la bouche ». 
« A 4 ans, vous vous rendez compte ? », s’étrangle Sara. Depuis, Jeanne en a reparlé deux fois, avec les mêmes mots, la même description, 
« aux toilettes et dans la salle de bains. Elle m’a demandé : 
il est plus là le monsieur méchant ? » 
Sara et son mari, qui ont depuis déménagé à Mazerolles, regrettent le mutisme des autorités. La mère de famille a voulu déposer plainte à la brigade de Chauvigny, laquelle l’a réorientée vers celle de Montmorillon... où on lui a indiqué d’attendre. Même flou concernant le soutien psychologique. Le 10 juin, le CH Laborit a dépêché l’espace de quelques heures une cellule d’urgence médico-psychologique et une équipe mobile dédiée aux psychotraumatismes des enfants et adolescents. Depuis ? Plus rien. Aucun médecin de l'établissement n’a souhaité répondre à nos questions « tant que l’enquête est en cours ».

Beaucoup de questions en suspens

Une cinquantaine de personnes ont manifesté samedi, sous les fenêtres de l'hôtel de ville de Chauvigny. Des pères et mères 
« en colère ». Martin, l'un d'entre eux, évoque « plusieurs dizaines de témoignages sérieux et cohéents ». Dix parents ont été reçus par le maire, deux de ses adjointes et le député de la 3e circonscription Pascal Lecamp. Un échange constructif. « Vous n'êtes pas seuls », a martelé l'édile, qui a au passage dénoncé les promesses non tenues de l'inspection académique sur le soutien psychologique.

« On a été mis devant le fait accompli, déplore Anaïs, maman d’Aymen, en moyenne section de maternelle. Moi j’ai posé des questions à mon fils pour savoir... Il a juste fait un câlin avec lui à la cantine. » Le fils de Vanessa, en CE1, ne dit rien. Adriano a pourtant croisé la route du pédophile à l’école maternelle de Valdivienne. « Ce gars, c’est une bombe à retardement... », soupire Anaïs. La semaine dernière, le procureur de la République a indiqué que la brigade de Montmorillon 
« prendrait attache avec les parents des enfants susceptibles d’avoir été en contact avec cet animateur/éducateur ». Sara attend, inquiète aussi pour la santé de sa fille. « On ne sait pas s’il n’était pas atteint d’une maladie qu’il aurait pu transmettre... »

(*)Et également pour enregistrement ou fixation d'images à caractère pornographique d'un mineur de 15 ans.

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