Étouffés par l’instabilité politique et la baisse des aides, les artisans peinent à se projeter. Face à cette fragilité croissante, la Chambre de métiers et de l’artisanat leur consacre une journée, le 30 juin,
pour s’informer et envisager l’avenir avec plus de clarté.
Le constat est sans appel : 40,6 % des entreprises artisanales de Nouvelle-Aquitaine se déclarent en situation financière critique. Et 50,6% des dirigeants n’ont pas confiance en l’avenir de leur activité. Derrière ce tableau peu enthousiasmant, dressé par la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) Nouvelle-Aquitaine, un mot revient inlassablement dans la bouche des professionnels : stabilité. « Les artisans ont besoin de visibilité. Les va-et-vient des décisions politiques, notamment autour de MaPrimeRénov’ (Le 7 n°690), génèrent une perte de confiance envers les décideurs et une instabilité dans la gestion de leur entreprise », déplore Benoît Labrunie, secrétaire général du syndicat des artisans de la Capeb 86.
Cependant, le tableau ne doit pas être noirci pour autant. De nombreuses entreprises ont su s'adapter malgré les soubresauts de l'exécutif. Du côté de la Chambre de métiers et de l'artisanat de la Vienne, pas question de céder au pessimisme. Sa présidente Karine Desroses s’emploie à aider le secteur.
« Avec la Région, nous organisons dans nos locaux (19, rue Salvador-Allende, à Poitiers, ndlr) la première édition des Journées de l’artisanat le 30 juin. Ce rendez-vous s’impose alors que nombre de patrons se sentent perdus. » Des professionnels du chiffre et autres experts interviendront lors d’ateliers sur les thématiques clés de l’artisanat : financement, numérique, transmission d’entreprise ou encore transition écologique. Une façon de pallier la disparition d’outils autrefois plébiscités mais devenus facultatifs depuis
2018. Comme le Stage depréparation à l’installation (SPI), qui permettait aux nouveaux artisans d’acquérir, pour 250€, les bases essentielles de la gestion d’entreprise. « Sans le SPI, la mortalité des jeunes entreprises est assurée ! », alertait la Capeb 86 dès l’annonce de cette mesure.
Alerte sur l’apprentissage
Autre crainte : la diminution des aides accordées à l’apprentissage. Initialement fixée à 6 000€ depuis janvier 2023 pour toutes les entreprises, l’aide est descendue à 5 000€ en février 2025, et seulement pour la première année du contrat, dans les PME de moins de 250 salariés. Après la mise en place de ces nouvelles réglementations, la réponse des artisans ne s’est pas fait attendre. « Ils sont plus prudents et préfèrent préserver leurs acquis plutôt qu'embaucher », observe la Capeb. « Beaucoup privilégient aujourd’hui des mi-temps, immédiatement opérationnels, plutôt que des apprentis à former sur la durée »,
ajoute Karine Desroses, et ce tous domaines confondus.
Journées de l’artisanat, lundi 30 juin de 9h à 17h, 19, rue Salvador-Allende, à Poitiers. Entrée libre.