Depuis près de trois ans, les artisans d’art s’efforcent de valoriser et faire perdurer leurs savoir-faire si particuliers avec un projet : créer leur propre salon.
Souffleur de verre, bijoutier, tisserand ou encore restaurateur de véhicules anciens, les métiers d’art sont aussi divers que méconnus. Du très populaire au plus confidentiel, ils regroupent 281 professions, recensées par l’Institut national des métiers d’art et répondant à une règle d’or : transformer la matière. Mais n’est pas artisan d’art qui veut. « Il faut être inscrit à la Chambre de métiers, avoir un diplôme dans la discipline représentée ou, au minimum, trois ans d’activité à son actif », précise Tania Bedin. La mosaïste, qui souhaite valoriser et sensibiliser le public aux différents métiers et techniques, est co-présidente de l’Armana, regroupant les artisans d’art de Nouvelle-Aquitaine. Depuis près de trois ans, l’association rassemble une vingtaine d’adhérents et met en avant ses métiers lors de nombreux événements. Les artisans ont ainsi pu participer aux Journées européennes des métiers d’art aux Usines de Ligugé, en avril dernier, mais aussi investir le musée Sainte-Croix et la boutique éphémère de la rue des Grandes-Ecoles, à Poitiers, afin d’y exposer leur savoir-faire. Mais ils veulent aller plus loin et réfléchissent désormais à un projet ambitieux. « Nous espérons pouvoir créer un salon des métiers d’art dans la Vienne en 2026 ou 2027. C’est difficile à mettre en place car il faut que ce soit accessible pour les exposants, commente Tania Bedin. Il faut parfois payer jusqu’à
3 000€ pour participer à un salon. Nous faisons partie des rares métiers où il faut payer pour montrer ce que l’on fait. »
Valoriser pour
faire perdurer
Si les métiers d’arts ont pu être mis en avant lors de la restauration de Notre-Dame de Paris, l’effervescence est aujourd’hui retombée. La crainte de les voir disparaître hante les artisans.
« On note beaucoup d’abandons de jeunes dans les premières années à cause du contexte économique difficile », déplore Cyril Paulard, tabletier depuis plus de trente ans. Et pour cause, « certains peinent à manger tous les jours ». Les adhérents de l’association Armana dévoilent régulièrement leurs secrets de fabrication.
« Nous travaillons parfois plus de 140 heures sur une même pièce, alors les prix sont décidés en conséquence et cela peut être difficile à comprendre », reprend Tania Bedin. Cyril Paulard « éduque » ainsi régulièrement le public à la sculpture sur … noix de coco. Partager son savoir-faire et communiquer semblent également essentiels à l’heure où certaines formations sont rares ou inexistantes. « Mon métier est perdu depuis… bien longtemps. J’ai dû me former en autodidacte auprès d’autres artisans », explique Cyril Paulard. Les membres de l’Armana sont animés d’une farouche volonté. Après tout, « l’artisanat d’art d’aujourd’hui est le patrimoine de demain ».