Sida, entre progrès médicaux et résistances sociales

Chaque 1ᵉʳ décembre, la Journée mondiale de lutte contre le sida rappelle que l’épidémie reste présente. Si les traitements ont profondément amélioré la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, les idées reçues et la désinformation demeurent.

Charlotte Cresson

Le7.info

« Le VIH et le sida ne sont pas la même chose. » Angelo de Jesus Lucas, président d’Aides Nouvelle-Aquitaine, est encore trop souvent confronté aux idées reçues. La Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre tombe alors à point nommé pour rétablir quelques vérités, sensibiliser, lever les tabous et dépister. La confusion entre VIH et sida fait partie des erreurs les plus fréquentes. « Le VIH est le virus responsable du sida, stade ultime de la maladie en l’absence de traitement. Mais une personne infectée peut vivre avec sans être malade, surtout si elle suit un traitement. » Ces méconnaissances touchent aussi la transmission. « La question de la salive, pourtant actée, redevient douteuse. Non, la salive ne contamine pas au VIH. » Tout comme « s’asseoir sur les mêmes toilettes qu’un séropositif » ... Des clichés en recrudescence notamment à cause de la désinformation. « Sur les réseaux sociaux, on peut trouver les infos que l’on veut», déplore le président régional d’Aides. Problème, ces idées reçues nourrissent des attitudes de rejet ou de méfiance.

Des tabous trop ancrés

Difficile de dépister et soigner ceux qui craignent ou méconnaissent la maladie. « Dans certaines communautés, le tabou est très présent. On s’éloigne du séropositif, constate Angelo de Jesus Lucas. Cela reste une maladie à part puisque l’on touche à l’intime. Certains n’osent pas utiliser de préservatif ou aller se faire dépister. » Pour pouvoir briser ces tabous, l’association Aides de Poitiers s’adapte. « Nous essayons d’intégrer des personnes des différentes communautés parmi nos militants et nous changeons d’approche en fonction du public par exemple. » L’association collabore aussi avec le Centre de dépistage des infections sexuellement transmissibles pour une prise en charge plus vaste. Aujourd’hui, en France, les traitements antirétroviraux permettent de vivre normalement et, en cas de charge virale indétectable, d’éliminer tout risque de transmission, notamment lors d’une grossesse. Le dépistage, lui, peut être gratuit, anonyme et sans ordonnance. A cela s’ajoutent des méthodes de prévention efficaces : le préservatif bien sûr, mais aussi la prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour les personnes à risque, ou le traitement post-exposition (TPE). Face à ces défis, Aides mène régulièrement des opérations de sensibilisation. « Nous intervenons dans les structures d’hébergement d’urgence, auprès des travailleuses du sexe mais aussi dans les cités universitaires pour dépister, réorienter si besoin et donner des préservatifs. » Mais les financements diminuent et l’épidémie semble reléguée au second plan. Pourtant, les acteurs locaux rappellent que la lutte contre le VIH est loin d’être terminée. « Il faut de l’argent et, là, on est plutôt en restriction. On craint un peu l’avenir. » 

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