« Poitiers dans le
passé » est un groupe Facebook collaboratif qui reconnecte Poitevins d'origine, habitants de passage et simples curieux à la mémoire
de leur ville. Plus de
12 000 membres y partagent quotidiennement photos, anecdotes et archives qui ressuscitent le Poitiers d’autrefois.
La description est simple :
« Pour les amoureux de Poitiers ». Et la promesse tenue. Sur la page, les publications s’enchaînent comme autant de fragments d’histoire remémorés. On y redécouvre ici le parvis de la mairie sous l’Occupation, là l’Arc de triomphe trônant au départ de la rue de Solférino pour la venue du président Sadi Carnot. Chaque contribution ramène les curieux à leur relation intime avec la ville, les amène à comparer le passé et le présent, ou encore à explorer des souvenirs égarés avec le temps. « La semaine passée, 72 posts
ont été publiés. Les propositions de publications sont très courantes et sous toutes les formes », explique Jean-Pierre Degris, administrateur et créateur du groupe. Clichés anciens, mais aussi brèves notant la construction d’une tribune au stade Rebeilleau en 1953, cartes postales et autres plans d’architecture... L’éventail est large. Photographe et professeur d’art à Châtellerault, Daniel Clauzier est l’un des contributeurs réguliers : « En travaillant sur André Ursault, je suis tombé sur les plans du projet de devanture de la boutique des sports, rue du Chaudron-d’Or. On en voit encore certaines traces aujourd’hui. » Pour les deux hommes, cette mémoire collective est essentielle. « On voit, dans les commentaires, à quel point les gens se livrent :
anecdotes, souvenirs, émotions… Et d’autres répondent avec leurs propres histoires », souligne Jean-Pierre qui ne pouvait imaginer un tel succès au lancement de la page en 2017.
Modérer la communauté
Mais faire vivre un tel espace, même virtuel, demande du temps. L’ancien technicien d’Orange examine chaque demande d’accès et veille au respect de quelques règles simples. « Quand je vois que certains viennent de Californie ou du fin fond du Chili, je n’accepte pas forcément. On peut aimer Poitiers, bien sûr, mais il y a des limites », sourit-il.
Autre exigence : filtrer les publications trop récentes « des archives modernes de moins de dix ans », ainsi que les posts à connotation politique ou les commentaires de mauvaise foi. Malgré cela, les tensions restent rares. « La grande majorité est respectueuse. Les gens se retrouvent autour d’un point commun : Poitiers », résume Jean-Pierre. Et souvent, la magie opère… Des personnes qui ne se connaissent pas échangent, comparent des souvenirs, reconnaissent une rue oubliée, ou réalisent qu’ils ont grandi à quelques pas les uns des autres. Sur ce groupe, la nostalgie joue son rôle de lien invisible et rappelle que, même sur les réseaux sociaux, il est encore possible de rassembler.