Selon une majorité de commerçants, les travaux de la place Leclerc renforceraient le sentiment de « fracture » entre le pôle Gambetta- Cordeliers-Marché et la zone Mairie- Carnot-Magenta.

Laurent Brunet

Le7.info

« Quand tout sera fini, ce sera beau ! » D’une échoppe à l’autre, le propos est quasiunanime. La légitimité de Coeur
d’Agglo n’est que rarement contestée. Les commerçants l’avouent : il y avait nécessité à « redonner vie à un centre ville (trop) longtemps livré à l’abandon
». Le projet d’Alain Claeys et de son équipe rallie donc les suffrages. On n’en dira pas autant des moyens mis en oeuvre pour sa réalisation.

AH, les dessertes de bus

Plus que jamais, les résidents de la partie sud du plateau, entre Place Leclerc et Madeleine, tirent la sonnette d’alarme. « On sentait déjà un début de fracture avant le lancement des opérations, lancent en choeur les  professionnels des rues Magenta et Carnot. Avec les travaux de la place d’Armes, le déplacement des chalets de Noël vers la zone piétonnière et, surtout, les dessertes de bus qui privilégient la place du Marché, nous nous sentons de plus en plus isolés. »

Patron du Love Money Café depuis dix ans, James Lay est, lui, entièrement favorable à l’entreprise municipale. Et  en a assez que ses amis commerçants tirent sur tout ce qui bouge. Mais il en convient, un certain déséquilibre se crée. « Quand je me suis installé, j’étais, géographiquement, le vingtième commerce positionné sur l’axe Tranchée- Carnot. Aujourd’hui, je suis le cinquième. »

Il y a vingt ans, ladite rue de la Tranchée comptait une dizaine de magasins. Il n’y en a plus que deux, à son entrée : une pâtisserie et une cordonnerie. La désertification «sudiste» peut-elle fragiliser l’équilibre-même du plateau ? Les acteurs concernés le pensent sérieusement. « Une sorte de goulot d’étranglement s’est créé, confie une  professionnelle de la rue Carnot. Le sud se vide et, dans le même temps, on pousse la clientèle vers le marché. »  D’autant plus navrant qu’au sud, justement, brille un formidable atout : le parc de Blossac.

Que faire à Blossac ?

Les efforts de la Mairie d’y délocaliser le feu d’artifice du 14-Juillet et la grande roue en fin d’année suffiront-ils à éviter l’érosion ? « Il faudrait réactiver économiquement ce secteur, confie un autre commerçant du coin. Peut-être y’a-t-il quelque chose à aménager pour que Blossac constitue un vrai pôle d’équilibre. »

L’échec du quartier Rivaud, qui aurait pu remplir ce rôle de stabilisateur, revient du coup à la surface. « Ç’a été un gâchis, poursuit ce même commerçant, mais il faut faire quelque chose, car sinon, on va créer deux centres-villes, voire trois si l’on considère que la gare fait partie du plateau. Si on ne fait rien, la place Leclerc sera bientôt la première porte d’entrée de l’hypercentre. Nos quartiers deviendront un no man’s land. » Sans doute Alain Claeys et les siens ne veulentils pas s’y résoudre.

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