Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Deux ans et demi après avoir fait l’objet d’une enquête pour apologie du terrorisme, Jean-François Chazerans s’est présenté, ce matin, devant les juges du tribunal administratif de Poitiers, pour demander l’annulation des sanctions prises à son encontre. Pour rappel, le professeur de philosophie du lycée Victor Hugo a été suspendu quatre mois de ses fonctions, avant d’être affecté sur la zone de remplacement des Deux-Sèvres.

En 2015, l’affaire Chazerans a fait les unes des médias locaux et nationaux. Si la procédure pénale a rapidement été classée sans suite, la procédure administrative a été lourde de conséquences pour l’enseignant. Il lui était notamment reproché d’avoir tenu des propos « inadaptés, déplacés et choquants au lendemain des attentats de Charlie Hebdo », comme l’a rappelé, ce matin, le rapporteur public. D'après ce dernier, les auditions de certains des élèves de la classe de terminale concordent sur trois points. Jean-François Chazerans aurait qualifié les militaires français d’« impérialistes terroristes », puis expliqué que « l’impérialisme occidental serait la cause du terrorisme », avant de conclure en précisant que « les auteurs des attentats de Charlie Hebdo, morts sans être jugés, étaient donc innocents ».

Après avoir exposé ses longues conclusions, le rapporteur public a écarté l’absence de matérialité des faits et dénoncé plusieurs « manquements graves, notamment au devoir de réserve », de la part du professeur de philosophie. Sans surprise, il a ensuite demandé le rejet des requêtes de Jean-François Chazerans et jugé « les sanctions non disproportionnées ».

L’avocat de la défense, Amaury Auzou, a pour sa part dénoncé un certain acharnement à l’encontre de son client. « On sanctionne un professeur en se basant sur les propos d’une élève arrivée en retard en cours et qui ne souvient plus très bien ce qu’elle a entendu, a-t-il souligné. Cette affaire n’a aucun sens, depuis le départ. Ces propos, sortis de leur contexte, méritent-ils une telle sanction ? La réponse est non. » L’affaire a été mise en délibéré et le jugement sera rendu sous quinzaine. 

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