Valagro carbure à l’innovation

La plateforme poitevine de valorisation des agroressources, Valagro, a pris un essor considérable dans le domaine des éco-carburants… mais pas seulement.

Arnault Varanne

Le7.info

Un an après l’inauguration de la station de culture de micro-algues du Vigeant, propriété du groupe Séché Environnement, Valagro refait parler d’elle. Cette structure de 25 collaborateurs, nichée sur le campus de l’université de Poitiers, vit cachée, mais fourmille pourtant d’activités. Déjà à l’origine du procédé de fabrication d’écocarburants à base d’algues, la Société anonyme d’économie mixte locale(*) s’apprête à récidiver avec plusieurs projets d’ampleur nationale. “Notre double culture associative et économique nous permet de nous positionner à la fois sur la recherche en amont et l’essaimage de projets en aval”, admet Antoine Piccirilli, directeur opérationnel de la SAEML. Evidemment, c’est dans le domaine des bio-carburants que Valagro se montre la plus en vue, notamment grâce au pilote Bionergy de Sica Atlantique (La Pallice), dont les premiers litres d’esters éthyliques coulent à flot depuis janvier dernier. “Cette technologie de rupture, brevetée en 1998, consiste à simplifier le procédé de raffinage et d’estérification…”, précise encore le directeur.

Un projet à 10 me


Forte de ses autres brevets (31 au total), la SAEML planche également sur un autre carburant vert, de deuxième génération celui-là. Une SAS baptisée Eco-Ethanol a été créée en juillet 2009 avec, comme finalité, de porter ce projet d’ampleur, qui vise à transformer des déchets de toute nature (bois, pailles, chiffons, matières industrielles) et même souillés en bio-éthanol. “Nous sommes en contact avec un capital-risqueur parisien et plusieurs industriels français et étrangers prêts à se lancer dans la conception du pilote”, confirme Frédéric Bataille, qui dirige la partie recherche chez Valagro. Ce pilote, d’un coût estimé à 10 millions d’euros, devrait voir le jour “avant fin 2011” à Melle (Deux-Sèvres), sur le site d’implantation de Danisco et Rhodia.

Dans un autre domaine, Valagro vient d’obtenir l’assurance, après cinq ans de collaboration, que son “huile végétale” destinée à isoler les transformateurs EDF était conforme aux exigences du géant français de l’énergie. Et qu’elle pouvait donc remplacer la précédente huile minérale jugée “trop polluante”. “Il y a 35 000 transfos à équiper assez rapidement…”, anticipe Antoine Piccirilli. De quoi justifier l’implantation d’une usine dédiée en Poitou-Charentes ? “Dans les trois ans, les besoins d’EDF s’élèveront à 25 000 tonnes par an. La tendance serait à la mutualisation du site de La Pallice.” Une mutualisation d’autant plus justifiée que le leader mondial de la construction de routes, La Colas, utilise désormais un solvant végétal conçu par Valagro. Ce “fluxant vert” permet de réduire de “4 à 10%” l’apport en bitume et se révèle moins volatil que son prédécesseur d’origine fossile.

(*) La Société anonyme d’économie mixte locale (SAEML) Valagro carbone renouvelable Poitou-Charentes a vu le jour courant 2008. Elle possède un capital de 2,2 millions d’euros, la Région Poitou-Charentes étant actionnaire majoritaire (65%) devant l’association Valagro (24%), les industriels (6%) et des établissements bancaires (5%). Plus d’infos sur www.valagro-rd.com.

 

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