Hier
La pièce « Hier est un autre jour » sera jouée le jeudi 23 janvier, à La Hune. Le comédien Daniel Russo y interprète un avocat froid et bourré de principes, sur le point de changer radicalement de vie. L’acteur se confie sur son parcours et sa vision du métier.
Daniel Russo, qu’est-ce qui vous a séduit dans la pièce « Hier est un autre jour » ?
« A la première lecture du texte, j’ai senti que j’avais un truc formidable entre les mains. A 3h du matin, j’ai appelé le metteur en scène Eric Civanyan, pour lui dire que j’acceptais le rôle. Cette pièce est surprenante, originale et très drôle. Une véritable machine à rire. Ça change du thème de « l’amant dans le placard ». En plus, c’est une création française, écrite par de jeunes auteurs. Je suis très fier de participer à ce succès. »
Décrivez-nous votre rôle...
« J’interprète Pierre, un avocat bourré de tocs qui vit un chagrin d’amour. Un jour, un homme pénètre dans son bureau. Cet homme va complètement bouleverser sa vie. Grâce à lui, il se rendra compte qu’il a le pouvoir de revenir en arrière… »
Votre personnage revit donc les mêmes scènes continuellement. Et vous, y-a-t-il un moment de votre vie que
n’aimeriez-vous pas revivre ?
« Oui, mon enfance. Vous savez, quand les gens divorcent, je pense que les enfants en sont toujours malheureux. Si j’avais le pouvoir de Pierre, je ferais tout pour que mes parents ne divorcent pas. Enfin, c’est la vie. Et puis, les difficultés, ça rend fort. J’aimerais également montrer à mes profs celui que je suis devenu. J’ai tellement entendu
« celui-là ne travaille pas bien, il ne fera rien de sa vie ». Mais c’est tout simplement parce que l’école ne m’intéressait pas ! Je suis têtu et j’ai toujours voulu faire ce que j’aimais. »
A l’inverse, y-a-t-il un souvenir que vous aimeriez revivre ?
« Oh oui, j’aimerais revenir en arrière pour voir les gens que j’aime et qui ne sont plus là. Par exemple, la première personne qui m’a fait confiance. A la sortie du concours du Conservatoire, j’attendais les résultats… A ce moment, un monsieur s’avance vers moi. C’était Jacques Fabbri. Et là, il me sort : « Que vous ayez un prix ou pas, je vous engage. » Vous vous rendez compte ? Finalement, j’ai obtenu quatre prix, le top niveau ! A la porte du Conservatoire, Jacques Fabbri m’attendait. Il m’a regardé, m’a fait un clin d’oeil et m’a dit : « J’ai le pif, hein ». »
« Hier est un autre jour » a été très bien accueillie par la presse parisienne. C'est un soulagement ou vous ne faites guère attention aux critiques ?
« Je fais toujours attention aux critiques. Mais elles doivent être constructives. Je veux savoir ce qui ne fonctionne pas. Si on dit simplement « c'est mauvais », sans donner d'explication, ça ne sert à rien. »
Finalement, le fait que la pièce soit un succès ne renforce-t-il pas votre confiance en vous ?
« Oui et non. Cela confirme surtout que le métier d’acteur, ça s’apprend. Les gens pensent que parce qu’on fait une blague en fin de repas, on peut devenir acteur. Mais il y a une manière de dire les mots, de mettre un texte en valeur. Il y a une grande différence entre être entendu et être écouté. Il y a une ponctuation à respecter : des virgules, des points d’interrogation, des points d’exclamation… Et surtout, avoir un rythme, il est là le secret ! »
Estimez-vous que vous êtes un bon acteur ?
« Je m’en remets à ce que disent les autres… Enfin, je suis toujours là. Un jour, Philippe Noiret m’a dit « Mon ami, le plus important dans ce métier, c’est de durer. » Je me suis peut-être pas trop mal débrouillé jusque-là (rires). »
Que peut-on vous souhaiter pour 2014 ?
« Continuer à me faire plaisir. C'est ce que je dis toujours à mes enfants : il faut faire quelque chose qu'on aime. On a tous un soleil en nous… Il suffit de le découvrir. »
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