2002, l’annus horribilis

Jusqu’en juin, date du trentième anniversaire du Futuroscope, la rédaction vous plonge dans les arcanes du deuxième parc de loisirs français. Septième épisode : le sauvetage d’un monument en péril.

Arnault Varanne

Le7.info

Le 6 mai 2002, Jean-Pierre Raffarin a vécu un « grand bonheur » personnel avec sa nomination à Matignon. Mais quinze ans après, le sénateur de la Vienne évoque un « bonheur relatif au regard du poids de la charge écrasante qui vous tombe sur les épaules ». Dans cet épais paquet de problèmes à solutionner, figurait en bonne place le Futuroscope. « J’étais bien sûr au courant de sa situation, du fait qu’Amaury voulait arrêter les frais. Entre René Monory et moi, les contacts étaient permanents… »

Ses deux premières visites dans la Vienne ont été « polluées » par le sauvetage du monument en péril. A l’époque, Michel Fontaine présidait le Tribunal de commerce de Poitiers et, lui aussi, a pu mesurer son immense responsabilité. « Je me souviens avoir croisé Jean-Pierre Raffarin à la préfecture, témoigne l’ancien imprimeur. Mais il était suivi par une nuée de caméras et je ne pouvais rien lui dire ! » Malgré une situation financière très dégradée, hors de question pourtant de transformer le Futuroscope en musée fantôme. « C’est pour cela qu’il était important que Matignon s’implique dans ce dossier », estime « JPR ». 

Une SEML nouvelle 

Après avoir glissé le nom de Dominique Hummel(1) à l’oreille de Monory -il fut son directeur général des services à la Région- l’ancien Premier ministre fait en sorte que la Caisse des dépôts s’invite à la table des négociations. Et la Région Poitou-Charentes avec, alors que jusque-là les deux collectivités vivaient une forme de concurrence. « Olivier Cazenave a joué un rôle déterminant et s’est montré d’une loyauté sans faille », observe le président de la commission des Affaires étrangères au Sénat. Une bonne partie de l’année 2002 est ainsi consacrée à trouver un plan de sortie de crise. Il apparaît très vite que le Département sera aux avant-postes pour sauver son joyau, quinze ans après le début de son ascension fulgurante. Il apparaît aussi très clairement que Dominique Hummel, auteur d’un rapport sur la situation du parc, pour le compte de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne(2), fera partie des hommes forts du Futuroscope 2.0. 

Ainsi, en septembre 2002, un protocole d’accord s’esquisse avec le groupe Amaury, qui prévoit la création d’une Société d’économie mixte locale (SEML) nouvelle du Parc du Futuroscope, capitalisée à hauteur de 40M€. Le Conseil général en est le principal actionnaire (24M€), devant la Région (8M€), Amaury (7,796M€) et Dexia (220 000€). La nouvelle structure voit le jour le 1er novembre 2002 et doit faire face à une situation exceptionnellement grave. Dès son premier exercice d’exploitation, la structure perd 18M€ et le Département se voit obligé de la recapitaliser. La situation se répètera les deux années suivantes, selon la Cour des comptes. Fort heureusement, son nouveau positionnement (cf. colonne) et une meilleure maîtrise des charges d’exploitation conduiront le Futuroscope vers des lendemains qui chantent. Le coup est passé très près. « Il y avait une telle volonté collective que l’envie de continuer a été plus forte que tout », conclut Jean-Pierre Raffarin. 

(1) A l’époque candidat aux Législatives sur la 1re circonscription de la Vienne. 
(2) Dirigée à l’époque par Françoise Vilain, sœur de Jean-Pierre Raffarin. 

Repères 
Une reconquête de notoriété
Si l’avènement de la Cité du numérique, en 2003, était déjà programmée, la naissance des « Voyageurs du ciel et de la mer », l’année suivante a constitué une sorte de tournant dans l’histoire du parc. Dans sa stratégie de reconquête, Dominique Hummel mise très vite sur les « les grandes signatures ». Avec leur ballet faunistique, Jacques Perrin (Les Choristes, ndlr) et Jacques Cluzaud ouvrent le bal. Suivront Stars du Futur (2005), Kamel Ouali (Danse avec les robots, 2006), Luc Besson (Arthur, l’aventure 4D), Martin Solveig (Danse avec les robots 2.0), les Lapins crétins, Le Petit prince… 

Direction
De Villiers : un petit tour et puis s’en va 
On s’en souvient à peine et pourtant… Directeur du Puy du Fou pendant douze ans, Emmanuel de Villiers a pris un temps la direction du Futuroscope, à la demande de René Monory lui-même, alors que Dominique Hummel en assurait la présidence. Mais l’attelage entre les deux hommes a fait long feu. Le frère cadet de Philippe de Villiers n’aura passé qu’un an et dix mois à la tête du deuxième parc de loisirs français.

Prochain épisode : le Futuroscope vers de nouveaux horizons. 

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