Souvenirs d’enfance et rêve de France

Une dizaine de réfugiés préparent une représentation théâtrale sur leurs souvenirs d’enfance et leurs rêves d’avenir. Sans pathos. Ce témoignage s’inscrira dans une grande soirée « De la migration à la citoyenneté », ce jeudi à la Maison des étudiants, à Poitiers.

Romain Mudrak

Le7.info

Ils avancent malgré la faim, le froid et la douleur. L’un après l’autre, une dizaine de personnages traversent la scène. Certains se blessent, d’autres pleurent, tous ont peur. Le tableau est criant de vérité. Et ce n’est pas un hasard... Ces acteurs sont des réfugiés. Originaires du continent africain, ils sont arrivés à Poitiers plus ou moins récemment. « Pour jouer cette scène, je leur ai demandé de s’imaginer perdus au milieu d’une forêt hostile. Très vite, ils ont utilisé leur propre vécu pour mimer la situation. » Le metteur en scène, c’est Jean-Olivier Mercier (Le 7 n°464), directeur artistique de la compagnie de théâtre Plein Vent. C’est à lui que l’association d’éducation populaire des Ceméa a demandé de coordonner une représentation théâtrale sur le thème « De la migration à la citoyenneté ». Elle sera donnée jeudi(*) à la Maison des étudiants, à Poitiers.

Le groupe a répété tous les lundis soir depuis septembre, malgré la barrière de la langue, qui a progressivement sauté. Malgré aussi les conditions précaires des acteurs principaux. Si l’introduction est plutôt sombre, le reste de la pièce -une vingtaine de minutes- se veut dénué de tout pathos. « Dans une première partie, je leur propose de raconter un moment positif de leur enfance, poursuit Jean-Olivier Mercier. Un souvenir qui allume des étoiles dans leurs yeux. Dans un second temps, ils exposent leur rêve le plus fou, comme si une fée se posait sur leur épaule. » Une façon aussi de présenter la migration comme une simple étape avant un nouveau départ. Russom parle de son vélo rouge qui filait comme le vent. Youssef se souvient de son cheval Gougou « plus rapide qu’un TGV ». Yordanos, chanteuse à la voix d’or, s’imagine déjà dans son futur salon de coiffure. Toutes ces saynètes s’enchaînent parfaitement, sous la direction du metteur en scène qui transmet l’art de raconter des histoires. Surtout lorsqu’elles sont authentiques.

(*)A partir de 18h45. Entrée gratuite. Au menu aussi les conférences d’Olivier Clochard, du laboratoire Migrinter et de Philippe Lagrange, juge à la Cour nationale du droit d’asile, ainsi que la lecture d’un poème de Mohammad Bamm, artiste iranien en exil à la Villa Bloch, de la musique et la dégustation de cuisines du monde.

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