Slow tourisme ou le temps retrouvé

Particulièrement touché par la crise, le secteur du tourisme doit se réinventer. Une tendance se détache : le « slow tourisme », plus lent, plus proche, plus humain.

Claire Brugier

Le7.info

Et si le secteur du tourisme pro- fitait de cette crise sanitaire sans précédent pour se réinventer ? Version « slow tourisme » par exemple. A Grand Châtellerault, l’intention était là. Le confinement, la règle des 100km et l’appel du gouvernement à passer ses vacances en France n’auront fait qu’accélérer une réflexion déjà bien entamée. Elle se traduit par une sorte d’anaphore à l’attention des visiteurs, qu’ils soient locaux ou extérieurs, mais aussi de tous les acteurs du tourisme : « prenez le temps de ». « Derrière cette phrase, il y a des promesses concrètes liées aux
circuits courts, à l’environnement naturel, au bien-être... Cela correspond à l’attente des visiteurs extérieurs et, au-delà, des habitants qui sont les premiers consommateurs de notre territoire. Un territoire où nous avons tout à portée de main
, souligne Véronique Boirel, responsable du service Tourisme Attractivité de Grand Châtellerault. Aujourd’hui nous devons travailler avec nos prestataires sur les produits, la communication, les réseaux de distribution et les prix. » Deux « carnets d’inspiration » ont d’ores et déjà été rédigés, un troisième va suivre, tous destinés à accompagner les acteurs locaux dans cette petite révolution. Objectif : « susciter « l’effet waouh » chez le visiteur » à travers les notions de partage et d’authenticité. »

« Une fabrique de liens »

Fini les descriptifs froidement informatifs, les séjours avec une surenchère d’activités, le slow tourisme mise sur l’humain et le temps retrouvé. Outre des collectivités comme Grand Châtellerault, il inspire déjà des agences de voyages alternatives. A l’instar des Oiseaux de passage, qui se charge d’accompagner ses contributeurs « pour les inviter à mettre de la poésie, du sensible, à exprimer ce qu’ils ont en eux » et faire du voyage « une fabrique de liens », explique Clément Simonneau, l’un des co-fondateurs de la Société coopérative d’intérêt collectif. Au mot tourisme, lui préfère celui d’hospitalité, à partager entre passeurs (producteurs, artisans, hébergeurs, etc.) et passagers. La plateforme des Oiseaux de passage, forte de 260 membres, connaît une fréquentation croissante. « Nos contenus sont de plus en plus visités. Et nous sommes au-des- sus de nos objectifs en termes d’offres. Aujourd’hui, nous avons quarante-trois destinations en ligne, bientôt cinquante-deux, et une cinquantaine de récits itinéraires. »
Lorsque l’association Ekitour s’est portée sociétaire externe des Oiseaux de passage, comme elle l’était de la Scop Ekitour, son président Daniel Lodenet ne savait pas qu’il élaborerait un jour un catalogue « en s’appuyant sur la communauté d’hospitalité des Oiseaux de passage ». Mais « ces dernières années, la demande s’est déplacée sur des voyages à l’étranger, cela nous a questionnés par rapport à l’émission de gaz à effet de serre. Nous avons tenté des pis-aller pour compenser l’empreinte carbone... » La crise a achevé de le convaincre de la pertinence du slow tourisme. Ainsi, « une dizaine de destinations » devraient paraître « d’ici fin juin » sous l’onglet « Nouveau Regard ».
A une autre échelle, des sites d’hébergement comme Airbnb et Booking se lancent également dans des offres identifiées « slow ». Aubaine marketing ou véritable mutation, seul l’avenir le dira.

Crédit photo : Les Oiseaux de passage.

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