Antoine de Maximy : « Je me disais que je pouvais faire un film original »

Antoine de Maximy était hier au Loft de Châtellerault puis au CGR Castille, à Poitiers, pour présenter en avant-première son premier long-métrage de cinéma, inspiré de son émission J’irai dormir chez vous. Le célèbre globe-trotteur est revenu sur ce drôle de projet de fiction, auquel il pense depuis… 2005.

Steve Henot

Le7.info

Antoine, comment s’est passée la gestation de J’irai mourir dans les Carpates, un projet pour le moins atypique ?
« C’est simple, personne n’en a voulu. J’ai eu l’idée assez vite, à partir de 2005 alors que j’avais déjà tourné deux-trois saisons de J’irai dormir chez vous. En réfléchissant à tout ce que j’avais vécu, je me suis dit qu’il y avait de quoi écrire une histoire. Je l’ai commencée en 2011 et j'ai très vite trouvé la trame principale. Le problème, c’est que ça n’avançait pas ! J’ai tourné des J’irai dormir chez vous donc je n’avais pas que ça à faire non plus. Il y a près de deux ans, j’en ai eu marre, et je me suis dit : « Je le tourne, ça passe ou ça casse ! ». Sinon, je passe à autre chose. J’ai arrêté l’émission et j’ai donc lancé un financement participatif qui a été un succès (256 000€ récoltés sur la plateforme KissKissBankBank, ndlr). J’ai fait 6 000 km en France en trois semaines avec des interventions de deux heures sur scène pour expliquer aux gens ce que je voulais faire et pourquoi. C’est quand ce financement a décollé que l’on s’est rendu compte qu’il y avait un public puisque des gens étaient prêts à payer pour voir quelque chose qui n’existait pas encore. C’est une vraie étude de marché, en fait. Et c’est ce qui a permis à mes producteurs de revenir vers les financiers du cinéma, qui ont alors changé d’avis. »

Ce film a-t-il seulement été motivé par les situations dangereuses que vous avez vécues durant tous vos voyages, comme vous l’évoquez dès l’ouverture ?
« Ce n’est pas la seule raison. Je me disais aussi que je pouvais faire un film original. Comme j’avais inventé une nouvelle écriture de prise de vue, je pensais pouvoir faire un long-métrage qui en tire parti. A ma connaissance, il n’y avait encore personne qui partait dans un pays, au hasard, faire une émission de télévision avec plusieurs caméras dont deux fixées sur lui. Ça donnait un contexte particulier. Je ne me suis pas contenté de faire une histoire qui aurait pu arriver, mais j’ai exploité la manière dont c’était filmé pour que la monteuse, qui est l’héroïne du film (campée par Alice Pol, ndlr), trouve les indices qui n’étaient pas évidents au premier abord. La première fois que l’on voit les séquences, ils sont déjà là et les spectateurs ne les voient pas. »

Comment votre choix s’est-il porté sur Alice Pol et Max Boublil, pour les rôles principaux ?
« Max, on lui a proposé le rôle via son agent et il a tout de suite dit oui. Il était fan de l’émission, suffisamment fou, enthousiaste et sûr de lui pour se risquer à un truc qui n’est pas certain de marcher. Et ça, c’est top ! Pour Alice, c’est venu plus tard puisque j’avais déjà commencé le tournage des images en Roumanie, sans même avoir trouvé le premier rôle. Son agent a insisté pour qu’elle lise le scénario, elle a accepté assez vite. Je suis très content d’avoir ces deux acteurs qui viennent de la comédie et qui, ici, n’ont pas spécialement fait de la comédie. Je pense que les acteurs de comédie sont plus gonflés que les autres, ils ont moins peur de se mettre en danger. Celui pour qui ça marche et qui ne fait que des films profonds, jamais il vient sur un long-métrage comme le mien. C’est important aussi que le gars te fasse confiance. »

Comment avez-vous abordé cette configuration « cinéma », inédite pour vous ?
« Cela ne m’a pas posé de problème particulier. Jouer du J’irai dormir chez vous, même mis en scène, c’était à peu près pareil que dans l’émission. Tu le vis et tu t’en fous, en fait. Ce n’est pas se mettre dans la peau d’un acteur non plus, c’est un rôle un peu bâtard… Comme le film, qui est original. Même Allociné, dans sa définition, l’appelle « comédie-thriller » ! Je suis sûr qu’il y en a d’autres, mais pas tant que ça en réalité. »

Pourquoi les Carpates ?
« Je ne me suis pas vraiment posé la question de savoir où j’allais faire ce film. Je fonctionne à l’instinct. Le jour où j’ai écrit, tout est sorti comme ça. Après, je retravaille l’histoire et c’est là que je commence à me poser des questions sur ce qui fonctionne ou pas… Et les Carpates, ça a toujours marché, j’ai donc gardé cette idée. Je suis déjà allé en Roumanie, dans les Carpates, et ça a dû rester. »

Cette expérience a-t-elle nourri, chez vous, des envies de cinéma ?
« Peut-être. On va déjà voir si celui-ci va marcher, car j’ai eu tellement de mal à le faire que s’il ne marche pas, je ne vais pas me battre autant une deuxième fois. C’est fatiguant. S’il marche, je verrai mais je ne veux pas faire la même chose derrière. Après avoir misé sur un film qui n’est pas certain de marcher, les mecs sont prêts à te redonner les sous pour faire la même chose, mais ce n’est pas comme ça que je fonctionne. J’ai d’autres idées et je ferai d’autres choses qui seront différentes. »

La crise sanitaire que nous traversons limite inévitablement les voyages… Frustrant pour le globe-trotteur que vous êtes ?
« Je m’en fous parce que j’ai beaucoup, beaucoup donné. Je pensais me reposer cet été, or je fais une tournée de 100 avant-premières… Je peux te dire que quand le film sera sorti, je ne vais rien foutre ! Je n’ai pas l’intention de repartir tout de suite, probablement pas avant la fin de l’année. La Corée du Nord m’intéresse toujours, à partir du moment où on pourra y aller. L’Antarctique aussi, mais il faut que je trouve une manière rigolote d’y aller. Il y a plein d’autres pays que je n’ai pas fait, comme l’Algérie. Déjà, il faut qu’ils me laissent filmer, ce qui n’est pas si évident… J’ai l’embarras du choix, je n’ai pas d’inquiétude là-dessus. »

 

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