Laëtitia Briand fait parler les textiles

Présentez-lui un costume ancien et Laëtitia Briand vous dira qui l’a porté, où et quand. Restauratrice textile par passion, la Châtelleraudaise aime rendre leur mémoire aux costumes, en réanimant tissus, dentelles et broderies.

Claire Brugier

Le7.info

A l’heure où d’autres faisaient du sport ou de la musique, Laëtitia Briand apprenait à restaurer les textiles, dans le cadre d’ateliers proposés par le musée Sully, à Châtellerault. Très jeune, elle est tombée « amoureuse du raffinement, des couleurs, des matières », sans doute lors d’une visite au Palais Galliera, le Musée de la mode et du costume de Paris. « Je me souviens avoir été émerveillée par les costumes bourgeois. Par la suite je me suis intéressée à leur histoire. » De livres en brocantes, la Châtelleraudaise s’est mise à collectionner les costumes, essentiellement de femmes et d’enfants, et elle a découvert qu’il existait une « deuxième mode », régionale celle-là. Elle venait de mettre sans le savoir le pied dans le monde infini des coiffes. 


« La coiffe est comme une pièce d’identité. Elle renseigne sur la catégorie sociale, l’âge de celle qui la porte, d’où elle est originaire, si elle est mariée… Quand on la restaure, on la reconstitue pour qu’elle reprenne tout son sens. » A raison d’environ « une coiffe tous les vingt ans par commune de France », le champ d’exploration est immense, la restauratrice intarissable sur le sujet. 


« Comme une enquête policière »

« La restauration textile est passionnante car on touche à beaucoup de domaines, le tissu, la broderie, la dentelle… Il faut aussi prendre en compte les évolutions du commerce, définir une zone géographique, rechercher s’il existe ou non une iconographie, des traces dans les archives, auprès des familles... C’est comme une enquête policière. » Habitée par une telle passion, Laetitia Briand n’est pas devenue chargée d’études de marché comme sa formation l’y prédisposait. Avant de changer récemment de voie, elle a travaillé pendant vingt ans au musée Sully, tout en perfectionnant son art. Elle a décroché le diplôme de restaurateur textile, elle s’est formée au Centre international d’étude des textiles anciens de Lyon, elle a appris la technique de la broderie au fil d’or à Rochefort, le crochet au sein de la Maison Lesage, à Paris… « Je suis aussi allée à la rencontre de personnes qui avaient travaillé sur le repassage des coiffes, en Touraine, dans le Pays nantais, en Savoie. Ce sont des savoir-faire qui étaient transmis oralement, souvent tenus secrets par les lingères. » 


Chez elle, les costumes -une cinquantaine- et les coiffes ont leur pièce dédiée, à l’abri des variations de température, de la lumière, de la poussière. Elle les consolide au fil de soie, les répare, les nettoie délicatement. « Ce sont des objets que l’on aime, pour lesquels on a de la peine. On veut leur redonner toute leur vie. »

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