Fonderies d’Ingrandes : la fonte va continuer les carters, l’alu toujours en attente de fonds

Le comité de suivi des fonderies fonte et alu d'Ingrandes-sur-Vienne, réuni ce lundi en préfecture, n'a pas permis d'éclairer de manière pérenne l'avenir des deux usines. Néanmoins, le groupe Alvance a confirmé la poursuite, pour un temps, de la production de carters côté fonte. Côté alu, le développement de la culasse HR10 a bien débuté mais il manque encore des moyens.

Claire Brugier

Le7.info

Ni banderoles ni attroupement à l’entrée de la préfecture ce lundi, juste les représentants des salariés du personnel des fonderies fonte et alu d’Ingrandes-sur-Vienne se rendant à un nouveau comité de suivi, en présence du directeur du site Guy Jansen, d’Arnaud Tronche, directeur général d’Alvance, et de Guillaume De Goÿs, directeur d’Alvance Aluminium. Si la situation dans les deux usines est différente, l’attente est identique : les salariés veulent que l’actionnaire, le groupe Alvance dirigé par Sanjeev Gupta, les rassure sur leur avenir, par des actes.

Côté alu, le groupe anglo-indien, qui avait promis le 30 septembre dernier de verser 1,2M€ en quatre fois (quatre vendredis d’affilée) tient son engagement. Mais « ce n’est pas suffisant, constate Jean-Philippe Juin. Après le confinement, Renault a remis des volumes, nous avons une commande de 50 000 pièces (ndlr, des culasses) par mois, ce qui permettrait d’autofinancer le site, mais nous arrivons à peine à en faire 40 000." Le délégué CGT décrit un "outil de travail dans un état déplorable". Il y a quelques années, les salariés se battaient pour leurs salaires, aujourd’hui c’est pour leur outil de travail. C’est du jamais-vu. On est obligés de démonter des pièces sur certaines machines pour en réparer d’autres. Les machines qui nous permettent de contrôler la qualité de l’aluminium sont en panne… Et il manque toujours 2M€ pour le développement de la culasse HR10, qui doit représenter 50% de notre production en 2021. » Le directeur du site Guy Jansen en convient : « La production de la HR10 a commencé mais pas dans les volumes annoncés. Il est prévu de produire 250 à 260 000 pièces par an. » Quant aux doléances des salariés, il dit les comprendre mais, conformément à sa position, il rappelle que « le groupe a effectivement supporté l’activité de l’usine par des injections de cash, reste à finaliser les investissements ».

« Une porte entrouverte »

Côté fonte, les interrogations ne portent pas tant sur l’outil de travail que sur la poursuite de la production des carters en fonte, souhaitée par sondage par les salariés. Le comité de suivi a confirmé ce qu’avait annoncé le directeur dans la matinée, lors d’un comité social et économique (CSE). « L’actionnaire a pris la décision de continuer un filet de production de carters fonte, explique Guy Jansen, soit 250 000 pièces jusqu’en 2023 ou 2024. » Ce qui correspond  peu ou prou à la production actuelle. Alain Delaveau, secrétaire du CSE, veut y voir « une porte entrouverte ». Mais « l'attribution de la production dans ce volume reste supendue à la décision de Renault, car les négocations n'ont pas encore eu lieu », met en garde Thierry Waye, délégué CGT.

Guy Jansen ne le cache pas, « il s’agit plus d’un modèle pour sauvegarder l’emploi quun critère économique ». Dans ces conditions, quel avenir pour l'usine fonte ? « Nous sommes en train de qualifier la potentialité d’accueillir sur le site un partenaire qui ferait de la rénovation de véhicules d’occasion, lequel emploierait environ 80 personnes. Et nous envisageons un programme de transfert de 40 salariés de la fonte vers l’alu. » Même ainsi, le compte n’y est pas (environ un tiers des effectifs actuels). « On nous avance aussi, à l'horizon 2024, un investissement de 70 à 130M€ pour des presses à haute pression (ndlr, pour la production de châssis de voitures). Mais comment va-t-on financer ça ? », interroge Thierry Waye. Un nouveau CSE est programmé mercredi côté fonte, le lendemain côté alu.

 

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