Que ferais-tu par amour pour toi ?

Le Regard de la semaine est signé Claire Maunie-Debin, qui nous parle du contrôle des émotions.

Le7.info

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Il y a quelques jours, en attendant mon fils à la sortie de l’école, je me suis aperçue que j’étais en colère. Mon cœur battait fort et j’avais les mâchoires crispées. Ce qu’il s’est passé ? Pas de place pour me garer. La seule que j’avais trouvée était sur la bande du bus. Le bus arrive. Me klaxonne. Je me déplace en me demandant bien où je vais poser mon carrosse. L’heure de sortie approche. Dans ma tête, je me vois déjà arriver en retard devant la classe et apprendre que mon fils a pris le bus sous le regard semi-compatissant et semi-désespéré de l’instit. A ce moment, je me rends compte que plusieurs émotions me traversent en même temps : la colère et la peur. Il y a encore quelques années, je me serais accrochée à cette colère, en la subissant même. J’aurais râlé en disant que je ne comprenais pas pourquoi ils n’avaient pas pensé à faire un parking plus grand pour cette école. J’aurais très certainement donné un nom poétique au chauffeur de 4x4 garé sur deux places en mode « seul au monde », alors que moi-même j’étais un peu plus tôt stationnée sur la place sacrée du bus. Et j’aurais couru pour récupérer mon fils en me stressant totalement, avec le scénario en tête que j’allais devoir suivre le bus partout et qu’on serait en retard. En retard pour quoi ? Pour la douche, le repas, les devoirs, le câlin du soir, les « Maman, j’arrive pas à dormir ! », les dents… « Les dents ! Il s’est pas brossé les dents ! »

Je rappelle ici que tout a commencé par une simple place de parking que je n’ai pas trouvée… Alors oui, il y a plusieurs années, je me serais arrêtée au constat de ma colère et je serais restée dans cette boule de nerfs jusqu’au coucher, j’aurais recommencé la même chose le lendemain et le surlendemain. Fatigant, non ?

Aujourd’hui, au-delà de ma colère, je vais lire mon émotion, prendre son message puis la laisser repartir. Ce soir-là, à la sortie des classes, j’ai pris conscience que ma colère me signalait que je ne souhaitais pas vivre avec cette « to do list » toujours plus grande, qui sonne comme des injonctions encore et toujours. Ma colère me ramène à ce qui doit être essentiel, tout en me laissant la possibilité d’agir, de réajuster en me demandant simplement : Je veux quoi moi dans ce monde-là ? Ma colère me place face à un choix : je lutte ou je choisis de me recentrer, et cela dès que je me laisse trop happer par ce qui m’entoure. Ma colère sème des indices pour me permettre de me situer face au monde, avec cette question : là, maintenant, que ferais-tu par amour pour toi ?

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