Aujourd'hui
Chaque nuit, dans la Vienne, en ville surtout, des personnes dorment dans la rue. Des solutions d’hébergement d’urgence existent mais elles s’avèrent insuffisantes.
D’un côté, les chiffres de la pauvreté en France, dramatiques, de l’autre, plus dramatiques encore, des vies sans abri, des personnes dormant dans un recoin de parking ou sur le bitume d’une rue. Cela se passe là-bas mais aussi ici, dans la Vienne, notamment à Poitiers. Steeve est l’un de ces « sans domicile fixe ». Il a dormi dehors pendant deux semaines avant d’avoir connaissance du collectif Entraides citoyennes, impulsé sur Facebook par Youssef Maïza. « Je dormais là, devant le Bureau, dans un petit duvet de m… » Depuis plusieurs jours, il a un toit à l’hôtel Astral, avec un lit, une douche chaude, un dîner. La note, à prix d’ami (30€), est réglée par le collectif. « Actuellement, nous hébergeons cinq personnes, note Youssef. Ce n’est pas de la charité. Pour elles, le logement est le début d’une nouvelle vie. » Lui estime qu’« avec cinquante T1 ou T2, dans la Vienne, la problématique serait résolue ».
Plus de moyens
Cette affirmation fait écho à la volonté affichée de la municipalité poitevine que « personne ne dorme dehors ». La récente ouverture d’une halte de répit, dans l’ex-caserne de Pont-Achard, est un premier pas. Celle, début décembre, d’une halte de nuit de dix places à destination des « grands précaires » en est un autre. « Il n’y a pas toujours de la place au 115, même en collectif, certifie Youssef. Alors dix places, c’est toujours bon à prendre, ce sont dix personnes qui sortent de la rue. Le principal, c’est qu’elles dorment au chaud ». Pour cette même raison s’est créé le groupe Une nuit au chaud. Reste que dix places, c’est insuffisant. A Châtellerault, le nombre de nuitées est passé de 110 en 2019 à déjà 173 en 2020.
En date du 19 novembre, des élus locaux, dont la maire de Poitiers, ont donc réclamé par courrier au Premier ministre davantage de moyens face à la crise sociale, notamment « sur l’hébergement d’urgence ».
Temps d’adaptation
Dans la Vienne, le nombre de places est passé de 132 en 2018 à 232 voire 262 cet hiver. Ce qui fait dire à Cécile Nicol, directrice départementale de la Cohésion sociale, que « la situation est beaucoup moins tendue. Début 2019, le 115 enregistrait 180 appels par jour, 80 demandes restaient non pourvues. Début 2019, sur 75 appels par jour, 40 étaient non pourvus. » Et de préciser : « L’hébergement d’urgence n’est pas une fin en soi, mais une mise à l’abri des personnes. » Or, « les mettre à l’abri est une chose, les placer dans une problématique de logement durable et d’insertion en est une autre », conforte Thierry Gheeraert, directeur de la Croix-Rouge.
L’organisme gère le 115, soit 49 places au Centre d’hébergement d’urgence, 70 en Auberge de jeunesse, une quarantaine en hôtel et des logements diffus… « Nous prenons en compte l’état de vulnérabilité des personnes, ce qui, convient-il, ne favorise pas l’entrée des hommes seuls. »
Cécile Nicol estime aujourd’hui que « cinq à dix personnes sont sans solution », mais « on ne peut pas être à 100%, il faut compter le temps d’adaptation du système à la réalité ». Quand les températures nocturnes voisinent avec le 0°C, ce temps devient vite trop long. Alors « les associations et collectifs prennent le relais, convient Cécile Nicol, reconnaissant « une variété de profils et de solutions ».
En janvier 2018, après une errance débutée à Nancy, une famille de l’Est en demande d’asile est ainsi arrivée à Châtellerault grâce à l’association 100 pour 1, qui s’acquitte du loyer et des assurances pendant au moins deux ans. Armelle Massonneau a reçu un appel de l’aînée des cinq enfants, 10 ans. « Sinon, c’était la rue », se souvient la fillette. Aujourd’hui la famille a un toit, 60m2 et survit avec les 250€ de l’Aide sociale à l’enfance. A défaut de pouvoir travailler, le père s’active chez Emmaüs. 100 pour 1 accompagne ainsi treize familles. D’autres sont sur liste d’attente.
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