Bora Wee, un parfum d’Asie

La rédaction du 7 consacre une série aux Poitevins expatriés, dont le parcours professionnel sort du lot, ainsi qu’aux Français ou étrangers qui ont jeté l’ancre dans la Vienne. Troisième volet avec Bora Wee, danseuse coréenne installée à Poitiers depuis 2017.

Steve Henot

Le7.info

Racontez-nous votre enfance…
« Je suis née à Séoul, en Corée du Sud, dans une famille où il y a une forte sensibilité pour les arts. Mon frère est peintre d’ailleurs. J’étais une enfant timide et distraite. Mais mes parents me disaient que je parlais beaucoup, « comme le petit oiseau » (rires). J’ai découvert la danse à l’âge de 5 ans, par le biais de ma tante qui était professeure de danse classique. Je me souviens que la première fois où j’ai mis des ballerines, à mes 7 ans, je me suis trouvée belle, très élégante. C’est une passion que j’ai développée avec le temps. »


Petite, vous rêviez à quoi ?
« Naturellement, je voulais devenir une grande danseuse. C’est pourquoi j’ai poursuivi le ballet classique. Puis une blessure à la cheville, à l’âge de 17 ans, m’a contrainte à arrêter le ballet pour me tourner vers la danse contemporaine. C’était difficile au début, il me fallait oublier tout ce que j’avais appris. »


Quelles études 
avez-vous faites ?
« Je suis entrée à la Korean National University of Art de Séoul, où j’ai d’abord validé une licence. Comme j’aimais bien travailler avec des chorégraphes étrangers, j’ai quitté le pays en 2006 pour aller travailler en Allemagne. Mais je ne parlais pas assez bien l’anglais pour m’y faire comprendre. Je suis restée près d’un an à Berlin, avant de rentrer chez moi pour passer le Master art option danse. Dans cette période, j’ai participé à beaucoup de spectacles et de concours. J’ai obtenu le 1er prix Dong-A Competition Contemporary Senior Solo. »

Un tournant dans votre carrière ?
« Quand j’ai rencontré le chorégraphe français Pierre Rigal, fin 2011. Il était venu en Corée travailler avec des danseurs du pays, pour sa pièce Théâtre des opérations. C’était une grande opportunité pour moi. Je suis allée aux auditions et j’ai saisi cette chance. C’est aussi là que j’ai rencontré mon mari, Julien Lepreux, qui était compositeur et régisseur son. Il était timide, lui aussi ! » 


Votre pays vous manque pour…
« Son ambiance. Séoul est très bruyante et dynamique, bien plus que Poitiers. C’est une ville qui me manque toujours, tout comme ma famille et mes proches. »


Qu’appréciez-vous dans la Vienne ?
« Poitiers, qui est la ville de ma nouvelle vie en France. Ici, il y a beaucoup d’étudiants, c’est vivant… Et les gens y sont très chaleureux. J’aime aussi le Tap, un endroit idéal pour travailler avec beaucoup d’espace. »


Quels sont vos projets ?
« Avec Julien, nous avons créé au Tap et à Beaulieu une pièce chorégraphique et sonore, intitulée Je vous écoute, qui sera présentée pour la première fois du 7 au 11 septembre au Monfort théâtre, à Paris. Et peut-être plus tard à Poitiers. Actuellement, je suis en Corée pour tout un tas de choses… J’ai surtout décidé d’y reprendre mes études et de devenir doctorante. Ma thèse porte sur la collaboration entre les danseurs et les autres métiers du spectacle. 

 

DR

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