Romain Delaume : « On n’est pas en train de jouer au Monopoly »

Co-fondateur de Dartagnans, Romain Delaume est aussi à la tête de la SAS du Château de La Mothe-Chandeniers. Il précise les projets, les objectifs et répond aux critiques formulées notamment par d’ex-actionnaires.

Romain Mudrak

Le7.info

La nouvelle campagne de financement, close au début du mois, a généré près de 2M€. Qu’allez-vous faire de cet argent ?

« On va développer nos outils de médiation culturelle et économique dès cet été. D’abord, avec un grand espace vitré style Eiffel de 400m2 pour accueillir des privatisations, mariages, séminaires, anniversaires… Ensuite, on va installer six éco-lodges de quatre places dans le parc du château. De quoi nous permettre d’accroître de manière substantielle le chiffre d’affaires de la société. A notre petit niveau, quand on accueille des touristes, on participe au développement de l’économie du territoire. Enfin, avec le reste des fonds, on attaquera la restauration de l’orangerie pour la transformer en hôtel et en maison des co-châtelains. »


Malgré la crise sanitaire, vous maintenez vos prévisions d’activité ?

« L’objectif est d’accueillir 25 000 visiteurs à terme, contre 16 500 en 2020. Toutefois, on est parti sur un business plan très conservateur : 40% d’occupation pour les éco-lodges et huit privatisations la première année. Evidemment, si les événements restent interdits, tout sera décalé. Notre chance, c’est que ces investissements (près de 750 000€) ont été réalisés sans emprunt. »


L’association Adopte un château, qui était la caution patrimoniale du projet, a cessé sa collaboration avec Dartagnans il y a un an. Un coup dur ?

« Avec Julien (Marquis), on avait une différence de point de vue sur le développement de La Mothe-Chandeniers. C’est la vie des sociétés, ça ne change rien à l’évolution du projet. Et sur la caution patrimoniale, on l’avait avant ! Chez Dartagnans, on a accompagné plus de 650 propriétaires de monuments et collecté plus de 11M€. On a organisé 200 chantiers de bénévoles et créé un événement national, La Nuit des châteaux, qui fédère énormément de propriétaires partout en France… »


Des ex-actionnaires critiquent votre manque de transparence sur les décisions prises. Que leur répondez-vous ?

« Ils ne représentent qu’une dizaine de personnes sur près de 25 000 actionnaires. Ils ne sont pas contents, certes. Qu’ils rejoignent d’autres projets. Je n’ai pas de temps à perdre à polémiquer. On n’est pas élus, c’est une entreprise privée qui avance. En tant que capitaine du bateau, on propose une vision. Les actionnaires qui ont investi ont un pouvoir de décision. Ils votent lors de l’assemblée générale via la plateforme Votaccess, celle du Cac 40. Les comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes indépendant. On facture les prestations de Dartagnans au temps/hommes. Les huit résolutions de la dernière AG sont passées à plus de 90%. »


Reconnaissez-vous, tout de même, des erreurs de communication ?

« Dès le départ, le projet n’était pas de restaurer entièrement le château. On a aussi créé une SAS pour faire du chiffre d’affaires et des bénéfices à réinjecter dans la sauvegarde de ce patrimoine. On aurait pu mieux faire au début de la communication. D’un seul coup, on recevait des appels de 7h à 2h du matin d’un bout à l’autre de la planète. Il a fallu gérer la croissance de la société. Mais on assume la vision mercantile du projet. Il existe plusieurs modèles : soit on attend que l’argent tombe du ciel, soit on prend la casquette du chef d’entreprise pour trouver des solutions. Pas pour s’enrichir et devenir Elon Musk, mais pour aller chercher du chiffre d’affaires. Nous sommes des entrepreneurs du patrimoine au sein du réseau des Demeures historiques. »


Dartagnans est aujourd’hui propriétaire de trois châteaux. Avez-vous prévu d’en acquérir un quatrième ?

« Pas pour l’instant. Il faut comprendre qu’on n’est pas en train de jouer au Monopoly et d’acheter plein de châteaux sans savoir quoi en faire. Il faut que l’on soit en capacité de développer un projet économique et touristique afin de financer sa restauration ou au moins son entretien. »

 

 

Lire aussi :

A La Mothe-Chandeniers, des néo-châtelains désenchantés

A La Mothe-Chandeniers, « une grande aventure humaine »

À lire aussi ...