Trois CHU, un destin commun

Les CHU de Bordeaux, Limoges et Poitiers ont créé un Groupement de coopération sanitaire baptisé Nova. Objectif avoué : jouer la complémentarité dans la prise en charge des soins, l’innovation...

Arnault Varanne

Le7.info

La Nouvelle-Aquitaine avait son Espace régional de réflexion éthique, l’Erena. Elle a désormais son Groupement de coopération sanitaire (GCS), Nova. Les bans de ce mariage de raison ont été publiés le 26 mars, à Poitiers. Ce jour-là, les directeurs généraux et présidents de CME(*) du CHU de Poitiers, Limoges et Bordeaux étaient tout sourire -sous les masques- pour saluer cette alliance entre « les premiers employeurs et fournisseurs de soins de nos territoires », dixit Yann Bubien, patron du CHU de Bordeaux. C’est lui qui a eu l’idée de ce rapprochement, à l’heure où on évoque un resserrement du nombre de CHU dans l’Hexagone. « Ce groupement, c’est la poursuite heureuse de la fusion des régions », estime Léonore Moncond’huy, témoin privilégiée. La maire de Poitiers veut croire qu’aucun des CHU ne perdra son U à l’avenir (4 660 étudiants, 1 750 internes au total). « Ce sont des craintes infondées... »

A la conquête du monde

Benoît Eleboorde, directeur de l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine, parle carrément de moment « assez exceptionnel » et entend « faire rayonner les CHU de la région en France et dans le monde ». Avec de telles louanges, les noces promettent d’être exceptionnelles ! Sans aller jusque-là, les trois partenaires évoquent des sujets de coopération déjà très concrets, à l’instar d’E-Novapath. Ce projet, commun aux trois services d’anatomie et cytologie pathologiques, vise à « analyser les lames de tissus ou cellules prélevées par un plateau virtuel plutôt que par microscope ». « C’est assez novateur en France, souligne Jean-François Lefevre, directeur du CHU de Limoges. Seul Rennes l’a engagé à ce jour. »

Renifler le virus

Dans ce GCS, il est aussi question de gradation des soins, autrement dit d’hyper-spécialisation de chaque pôle sur des pathologies ciblées pour les patients de Nouvelle-Aquitaine. Il faut privilégier « l’excellence depuis Parthenay jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Porc et de la Pointe de Grave jusqu’à Ussel », image Anne Costa, directrice générale du CHU de Poitiers. Benoît Eleboorde évoque notamment « la greffe d’îlots de Langerhans, dans le cadre de traitements contre le diabète ». Autre exemple de projet partenarial : Cynocov ou comment mieux détecter la Covid-19 avec des chiens renifleurs. En résumé, Poitiers, Bordeaux et Limoges s’imaginent aujourd’hui davantage complémentaires que concurrents. Le premier conseil d’administration de Nova aura lieu en mai ou en juin.

(*)Commission médicale d’établissement.

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