Immobilier : un marché toujours au beau fixe

Jusque-là tout va bien. Au sortir du troisième confinement, la Vienne reste un territoire dynamique en termes de transactions immobilières. Gare cependant à une inflation des prix, qui pourrait à terme se révéler dangereuse selon les professionnels.

Arnault Varanne

Le7.info

Les mois passent et le constat demeure. L’immobilier se porte comme un charme dans le département. La crise sanitaire n’a pas eu d’incidence, ou plutôt si elle a renforcé l’attrait pour les régions à proximité de la capitale. Et comme les taux d’intérêt restent au plancher, « tous les feux sont au vert ». « Les dernières statistiques du Conseil supérieur du notariat montrent un ralentissement des ventes à Paris et dans la première couronne, ce qui est assez inédit, note Isabelle Decron-Lafaye, présidente de la Chambre des notaires de la Vienne et des Deux-Sèvres. A l’inverse, il y a un engouement pour les villes comme Poitiers et Niort. » Les chiffres ne mentent pas, le nombre de transactions y a crû d’environ 10% depuis un an, avec un phénomène plus prononcé au sortir du deuxième confinement : « l’arrivée d’investisseurs en provenance de villes plus saturées et qui cherchent à acquérir des petits logements pour les étudiants ». 

De son poste d’observation, Benjamin de Tugny dresse le même constat d’un « marché qui se porte extrêmement bien ». Mais le président de la Chambre Charente-Vienne-Deux-Sèvres de la Fnaim alerte sur une éventuelle bulle née de la rareté de biens. « Il y a à Poitiers un problème de valorisation des biens, il faut faire attention à ne pas retomber dans un système de valorisation artificielle. » L’agent immobilier se rappelle comme si c’était hier des années 2007-2008 où les prix avaient globalement grimpé de 30%, jusqu’à ce que la crise des subprimes aux Etats-Unis touche le pays et fasse redescendre la température à un niveau acceptable. Cette tendance inflationniste touche seulement l’ex-capitale régionale où les biens partent (trop ?) vite. « On n’a pas la même problématique à Châtellerault car il n’y a pas de pénurie de rentrée d’affaires », tempère Benjamin de Tugny. Qui observe aussi qu’à la campagne les biens se vendent, notamment grâce à « une population qui n’habite pas notre région » et vient se mettre au vert. Sans chercher spécialement à se mettre à côté de la gare...

Vers une crise économique ?

C’est l’un des enseignements majeurs de la crise sanitaire. Les nouveaux modes d’organisation du travail -le télétravail en clair- ont rebattu les cartes. « Si le télétravail perdure parce que les entreprises choisissent de le pérenniser, alors on verra une recherche encore plus accrue de maisons avec deux espaces bureaux, ce qui est déjà une tendance », affirme Isabelle Decron-Lafaye. Au-delà, reste une inconnue de taille pour les professionnels de l’immobilier. Lorsque la crise sanitaire sera derrière nous et que la perfusion publique va s’arrêter, combien d’entreprises vont-elles résister ? Quid des salariés au chômage partiel et propriétaires, dont les revenus vont baisser ?... « La crise a montré que l’immobilier est une valeur refuge et pérenne », répond Benjamin de Tugny. Les particuliers préfèrent placer leur argent dans la pierre que sur des comptes qui ne rapportent rien. » Une façon de dire que les investissements consentis aujourd’hui correspondent à une fenêtre d’opportunité. Mais le président de la Fnaim Charente-Vienne-Deux-Sèvres prévient aussi ses confrères. Les agents immobiliers doivent continuer à bien conseiller leurs clients. « Dans nos régions, une mauvaise acquisition ne se voit pas le jour où on achète, seulement quand on pense à revendre. »

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