Le boucher a du cœur

Nourreddine Boughanmi a ouvert sa boucherie halal L’Orientale en 2017, après une première expérience dans la restauration. Très connu aux Couronneries et apprécié de ses clients, il a reçu les honneurs des Trophées des quartiers pour la qualité de son travail.

Romain Mudrak

Le7.info

Il appelle la plupart de ses clients par leur prénom… « Ici c’est familial, on se connaît tous ! » A 46 ans, Nourreddine Boughanmi tient depuis quatre ans sa propre boucherie halal aux Couronneries, à Poitiers. Et il vient d’agrandir L’Orientale. « J’adore ce quartier, les gens sont mélangés, il y a des musulmans et des non-musulmans, comme dans mes clients ! » S’il respecte la méthode d’abattage décrété par l’Islam, ce professionnel aime bien adapter les plats typiques de la gastronomie locale, comme le farci poitevin par exemple, préparé sans porc évidemment. « Je fais aussi du saucisson sec de bœuf, du chorizo, du boudin blanc, de l’andouillette. Tout le monde peut en manger et les nouveaux convertis apprécient de retrouver ce qu’ils aiment. » L’avantage de la mixité, c’est que toutes les fêtes religieuses marquent des périodes d’activité importantes. Nourreddine Boughanmi ne travaille que des produits du terroir, Limousine, Parthenaise. Les ovins viennent du Poitou-Charentes et les légumes -car il « fait » aussi épicerie- poussent à proximité. La traçabilité est assurée. Tout est même affiché en vitrine. De quoi permettre à ce boucher-traiteur d’obtenir le label Artisans gourmands, décerné par la Chambre des métiers et de l’artisanat de la Vienne.

Reconversion réussie

Ce n’est pas la seule distinction que ce passionné a décrochée. Le collectif Quartiers à entreprendre vient de lui attribuer le prix coup de cœur du jury des Trophées des quartiers. La qualité de sa gestion et son chiffre d’affaires ont pesé dans la balance. Mais pas que… Après une première expérience dans la restauration -il a tenu avec son épouse la Casba poitevine sur la place Charles-de-Gaulle pendant six ans- Nourreddine Boughanmi a renoué avec son premier métier, appris dans son pays de naissance, la Tunisie. En 2013, à l’aube de ses 40 ans, il a donc repris le chemin du CFA et décroché deux ans plus tard un CAP de boucher. Reconversion réussie ! Installé à son compte, le chef d’entreprise a toujours un voire deux apprentis. « Ils m’aident beaucoup et c’est important pour moi de transmettre parce que ça devient difficile de trouver de bons bouchers aujourd’hui. » Chaque fin d’année, le patron leur attribue d’ailleurs une prime non négligeable.

L’autre argument qui a séduit le jury, c’est son implication au service des associations. Il fait des dons en espèces ou en nature aux clubs sportifs des Couronneries et de Saint-Eloi. Souvent, il en met un peu plus dans le sac aussi pour les gens en galère. Mais là-dessus, Nourreddine Boughanmi reste discret.

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