Le casse-tête du pass sanitaire

Depuis le 9 août dernier, le pass sanitaire s’impose dans tous les lieux « publics ». Au-delà des oppositions, il nécessite surtout des efforts d’organisation et, parfois, des embauches. Jusque-là, les contrôles restent légers.

Romain Mudrak

Le7.info

Le pass sanitaire est en vigueur depuis le 9 août, n’en déplaise à ses opposants qui manifestent tous les samedis depuis six semaines dans les rues de Poitiers (le7.info). Pour les gérants de bars et restaurants, sa mise en place n’a pas été simple. Cet été, les organisateurs du festival Au fil du son ou des Soirées lyriques de Sanxay ont dû dénicher des bénévoles supplémentaires dédiés au contrôle du fameux sésame. Le Futuroscope a carrément recruté une trentaine de saisonniers pour scanner à l’entrée le QR code des visiteurs de plus de 18 ans. Le parc s’est également offert les services d’un prestataire pour proposer des tests antigéniques rapides dans un centre de dépistage mobile près du parking, à raison de 20€ l’unité. Même chose au CHU de Poitiers où trente-cinq contractuels, en plus des équipes de sécurité habituelles, filtrent l’entrée du grand hall ainsi que seize points d’accès sur ses différents sites.

Le pass sanitaire, bon pour l’économie ? En tout cas, les sociétés de sécurité connaissent un surcroît d’activité. Eric Chenais, co-gérant de la société de sécurité APS (30 salariés à Verrières), a créé deux postes. « On a plus de demandes dans les cafétérias de grandes surfaces soumises à l’obligation du pass sanitaire et sur toutes les manifestations sportives et culturelles puisqu’il faut plus d’agents à l’entrée. » Selon lui, « la majorité des gens s’habituent désormais et le présentent spontanément ». Mickaël Lambert, directeur commercial de Securit Dog Man (200 salariés à Dissay) attend de son côté les CV. Il devrait recruter une « quarantaine d’agents » pour satisfaire les nouveaux contrats sur les six départements couverts. Pas simple.


Les contrôles vont s’élargir

Du côté des cafetiers et des restaurateurs, la contrainte entre doucement dans les mœurs. « Dans la profession, tout le monde est favorable au pass, assure Mickaël Couturier, représentant de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Depuis un an et demi, nous sommes la profession qui subit en premier les mesures restrictives. Pour nos entreprises et nos collaborateurs, ces derniers mois ont été très durs. Le pass sanitaire est la seule solution pour ne pas subir de nouvelle fermeture à la rentrée. » Le spectre d’une quatrième vague inquiète. Tous les gérants d’établissement se sont donc organisés, préparés à d’éventuelles visites de policiers ou gendarmes. 

Après quelques jours de mansuétude, les autorités ont prévu de multiplier les contrôles. Du 9 au 18 août, 
624 ont été réalisés par les forces de l’ordre dans la Vienne. « Tous en règle », note la préfète de la Vienne. Chantal Castelnot confirme que les contrôles vont bel et bien s’élargir, au-delà des bars et restaurants. Les contrevenants s’exposent à une amende de 135€, 200 en cas de récidive. Ceux qui écoulent de faux pass sanitaires, notamment sur le Web, risquent en plus d’une amende des travaux d’intérêt général, ainsi qu’une suspension du permis de conduire. Les responsables d’établissements ont eux aussi une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en cas de refus de contrôler leurs clients. Une fermeture administrative de sept jours peut être prononcée. « Pour l’instant, tout se passe bien sur le terrain », tempère la préfète. 

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