Poitiers-Châtellerault : vers une coopération nouvelle ?

Au début de l’été, Grand Poitiers et Grand Châtellerault ont exprimé le vœu d’une plus grande coopération territoriale, sur le plan économique. Une tendance « dans l’air du temps », selon l’économiste poitevin Olivier Bouba-Olga. Éclairage.

Steve Henot

Le7.info

Tout un symbole. Le 13 juillet dernier, pour la première fois depuis leur élection, Léonore Moncond’huy et Florence Jardin, respectivement maire de Poitiers et présidente de Grand Poitiers, ont pris la pose aux côtés de Jean-Pierre Abelin, maire de Châtellerault et président de Grand Châtellerault, dans les locaux de VMH Energies. Les trois élus s’étaient réunis à Châtellerault pour une « visite de travail », dont la vocation première était de « marquer la volonté politique de travailler ensemble sur des sujets majeurs ». Autrement dit, de poser les jalons d’une « coopération nouvelle ».


« L’axe Poitiers-Châtellerault est déjà une réalité en termes d’emploi, mais il doit exister politiquement », estime Léonore Moncond’huy. La sortie a été peu goûtée par l’ancien maire de Poitiers et président de Grand Poitiers, Alain Claeys qui n’a pas manqué de rappeler avoir travaillé avec son homologue châtelleraudais à la fusion des deux CHU ou encore à la mise en place du schéma de cohérence territoriale (Scot) du Seuil du Poitou. « S’il y avait eu coopération, on n’aurait peut-être pas eu le problème de suroffre des espaces commerciaux sur les deux territoires et donc de dévitalisation des centres-villes », nuance toutefois Olivier Bouba-Olga.


« Une autre disposition d’esprit »

Pour l’économiste poitevin, « jusqu’ici, les deux villes s’ignoraient plus qu’elle ne se faisaient la guerre ». Sauf, peut-être, lorsque les enjeux étaient importants, comme ce fut le cas pour l’installation de Forsee Power. « Poitiers a mis beaucoup d’argent sur la table, se souvient Olivier Bouba-Olga. C’est le produit de la concurrence. Pour les territoires, il est compliqué de sortir de cette lutte économique. Notamment en termes de fiscalité. » Mais ce temps serait révolu, à l’heure où les dotations de l’Etat se réduisent d’année en année, incitant les collectivités à fusionner ou à... coopérer. « C’était inévitable, dans l’air du temps. La Région favorise la coopération avec les contrats de territoire, explique Olivier Bouba-Olga, citant l’exemple de Bordeaux Métropole, avec Angoulême, Libourne, Saintes et Marmande. Il ne s’agit pas de recréer une structure, je crois à une logique de réseaux plus souples. » Dans le même esprit, Poitiers s’est récemment rapprochée de Parthenay pour valoriser une offre commune dans le secteur du jeu (esport, jeux de société et même edtech). Une feuille de route sera présentée en 2022, lors de la Gamers Assembly et du Flip. « L’intention est là, apprendre à se connaître, à voir ce qui relie les uns et les autres. C’est une autre disposition d’esprit. » Et un moyen de davantage peser à l’échelle régionale. « Si on veut exister (dans la Nouvelle-Aquitaine), il faut coopérer entre voisins », défend Léonore Moncond’huy. 


Entre Poitiers et Châtellerault, il est pour l’heure question de développement économique, de déchets… et surtout, de mobilité. « Une desserte de train supplémentaire sera ajoutée dès la rentrée », a d’ores et déjà annoncé Léonore Moncond’huy, saluant la concertation avec Châtellerault dans ce dossier. De nouvelles réunions thématiques entre les deux territoires devraient suivre dans les prochains mois et ce, dès la rentrée, avec une visite des terrains familiaux de Châtellerault.

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