Les Olympiades, un autre regard

Dans un quartier du 13e arrondissement de Paris, quatre jeunes gens se cherchent, se croisent, s’aiment, se déchirent… S’inspirant librement de trois récits dessinés, Jacques Audiard signe un marivaudage sensuel et moderne, presque sociétal.

Steve Henot

Le7.info

Emilie vit seule dans l’appartement de sa grand-mère, elle cherche une colocataire. C’est Camille, enseignant dans un lycée, qui répond à son offre. Entre eux, c’est surtout charnel, physique. Elle en attend plus, lui refuse toute forme d’engagement affectif. Du moins, le croit-il, jusqu’à sa rencontre avec Nora. Cette trentenaire fraîchement débarquée à Paris reprend son job d’agent immobilier après avoir été harcelée par ses camarades de fac, qui l’ont prise pour Amber Sweet, une cam girl. Toujours troublée par sa ressemblance avec la travailleuse du sexe, Nora noue le contact avec elle…

Après l’excellent Les Frères Sisters, Jacques Audiard voulait accoucher d’une production plus modeste, resserrée. Voici donc Les Olympiades, une adaptation libre de trois nouvelles graphiques d’Adrian Tomine qui racontent les amours et polyamours de quatre jeunes gens en quête d’eux-mêmes. Le cinéaste en fait un marivaudage très ancré dans son époque, élégant, à la fois léger et sensuel. Il va d’un personnage, d’un couple à un autre avec une fluidité agréable, tout en révélant progressivement les histoires, les failles des uns et des autres. Comptant de belles découvertes (Lucie Zhang en tête), le casting sait les rendre très vite attachants. A travers ce quatuor, le film parle des relations familiales, de communication, de la place du sexe dans notre société et, surtout, d’une solitude toute contemporaine… Il donne aussi à voir des profils, des parcours peu représentés sur grand écran. La proposition s’impose d’elle-même, sans jamais avoir l’air de forcer le trait. On retrouve là la délicatesse de la réalisatrice Cécile Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu), laquelle a collaboré à l’écriture du scénario. Jacques Audiard livre quant à lui un « petit » film d’une richesse inattendue et une photographie assez juste d’une certaine jeunesse d’aujourd’hui. A voir.

Romance de Jacques Audiard, avec Noémie Merlant, Lucie Zhang, Samba Makita (1h45).

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