De la complexité des Choses

Une mineure de 17 ans accuse le fils de l’amie de son père de l’avoir violée à l’issue d’une soirée. Porté par deux jeunes acteurs brillants, Les Choses humaines raconte une affaire de violences sexuelles contemporaine, dans toute sa complexité. Quitte à être un peu froid.

Steve Henot

Le7.info

Etudiant à Stanford, rejeton d’un célèbre animateur et d’une essayiste, Alexandre est bien né. A l’occasion d’un bref retour à Paris, il fait la connaissance du nouveau compagnon de sa mère, et de sa fille, Mila. Les deux jeunes gens partent ensemble en soirée, à l’issue du repas. Le lendemain, Alexandre est placé en garde à vue pour viol. Mila a porté plainte, ce sont deux versions qui s’opposent, deux vies qui basculent à l’épreuve d’un procès…

Tout l’intérêt du film repose sur cette partie de ping-pong entre les deux perceptions d’un même instant, autour de la notion de consentement. Du côté de la défense comme de la partie civile, le récit évolue, se précise tout au long de la procédure judiciaire… Ebranlant constamment nos certitudes. Le suspense de ces Choses humaines repose sur le strict jeu du contradictoire et c’est plutôt malin. Le trouble est d’autant plus prenant qu’il est porté par deux belles révélations au casting (Ben Attal et Suzanne Jouannet, saisissants). Très en phase avec son époque, cette adaptation d’un roman de Karine Tuil parvient à capter la complexité d’un tel procès, la difficile quête de vérité qui devrait aboutir à une « bonne justice ». Le film d’Yvan Attal remet en quelque sorte l’église au milieu du village : la parole des victimes a autant de valeur que la présomption d’innocence, aucune ne prévalant sur l’autre. Au-delà de ce rappel, aussi froid que pragmatique, demeure un certain malaise. La sensation qu’il reste difficile de lutter contre le patriarcat, trop souvent à la source de ces violences…

Drame d’Yvan Attal, avec Ben Attal, Suzanne Jouannet, Benjamin Lavernhe (2h18).

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