Jeff Erius, l’étoile montante du sprint

A 17 ans, Jeff Erius a battu cet été le record d’Europe cadets sur 100 mètres. Arrivé au Creps de Poitiers en septembre, l’Alsacien est l’une des plus belles promesses de l’athlétisme tricolore. Rencontre avec un sprinteur très précoce.

Steve Henot

Le7.info

Le 16 juillet 2021, à Tallinn (Estonie), il est entré dans une autre dimension. Dans le cercle fermé des recordmen de l’athlétisme. Pour sa toute première compétition internationale, Jeff Erius a établi la meilleure performance européenne de tous les temps sur 100 mètres chez les cadets (moins de 18 ans). Avec un chrono de 10’’27, il a fait mieux que Christophe Lemaître et Jimmy Vicaut au même âge. 
« Je l’ai vécue comme une perf’ habituelle, confie le sprinteur originaire de Strasbourg. J’ai perdu la finale de deux centièmes, j’avais plus cette défaite en tête que mon nouveau record. »


C’est pourtant la 4e performance française de la saison sur cette distance. A seulement 17 ans. « Au regard de sa précédente saison et de ses records en minimes, c’était envisageable. Mais encore fallait-il le faire », salue Fabien Lambolez, son entraîneur depuis septembre. Dans la foulée de cet exploit retentissant, Jeff Erius a choisi de poursuivre sa progression au Pôle espoirs du Creps de Poitiers. Là aussi, une autre dimension. « Médicalement, je suis bien plus entouré. A Strasbourg, je n’avais pas de kiné, pas de nutritionniste… La méthode d’entraînement n’est pas la même, sachant qu’il y a plus de matériels techniques ici, plus de monde aussi, ça change beaucoup. C’est différent mais bénéfique. »


Un potentiel « comme on en voit peu »

La voix est claire, sans la moindre hésitation. Seul un regard encore mal assuré trahit son jeune âge. « Jeff sait ce qu’il veut, c’est quelqu’un de très mature malgré ses 17 ans », 
souligne son coach. Au-delà, c’est aussi un potentiel immense, rare. « Il a hérité d’un pied énorme, solide au sol, il va très vite… Il a de grosses qualités physiques. » L’intéressé, entré dans l’athlétisme il y a seulement quatre ans, reste conscient de ce qu’il doit améliorer. « Le départ, répond-t-il, sans hésiter. Même si je reviens fort, je ne suis pas le premier à partir. C’est un peu énervant car si je partais en même temps que les concurrents, je pourrais finir devant. »


Jeff a lancé sa saison en salle sur de bonnes bases et a déjà battu son record personnel sur 
60 mètres au meeting de Lyon (en 6’’69). A court terme, le jeune athlète vise moins de 6’’65. Fabien Lambolez attend surtout de lui qu’il soit « régulier » tout au long de l’année, avec pour principal objectif le Championnat du monde juniors, cet été à Cali, en Colombie. Et les Jeux olympiques de 2024 ? « C’est dans un coin de ma tête, assure Jeff. Je serai certes encore jeune (il aura 20 ans), mais ce n’est pas une possibilité à écarter. A voir si je continue de performer. » 
Son entraîneur en est, lui, convaincu. « Il est recordman d’Europe, c’est évidemment un athlète potentiel pour 2024. Après, il faut le protéger, le laisser grandir en tant qu’athlète et en tant qu’homme. J’ai coutume de dire que des gens comme ça, on n’en voit pas beaucoup dans une carrière et encore moins dans l’histoire du sprint français. »

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