La métallurgie à l’avant-garde

La branche de la métallurgie vient de se doter d’une convention collective unique. Un accord inédit qui a nécessité cinq ans de négociations et qui pourrait inspirer le reste du monde industriel.

Claire Brugier

Le7.info

Cinq ans ! Il aura fallu cinq ans de négociations entre l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et ses partenaires sociaux(*) pour aboutir à la signature, le 
7 février, d’une convention collective unique de 250 pages définissant les mêmes règles du travail pour tous dans la branche métallurgie. Le secteur comptait jusqu’alors soixante-dix-huit conventions collectives territoriales (7 000 pages). On comprend donc mieux l’ampleur de ce chantier qui pourrait inspirer d’autres branches, ne serait-ce que parce que, comme le souligne Philippe Jehanno, président de l’UIMM Vienne, 
« nous travaillons de plus en plus en inter-industries ».

En France, la métallurgie regroupe 1,6 million de salariés et 42 000 entreprises. Dans la Vienne, elle représente près de 11 000 emplois dans une centaine de sociétés de toutes tailles. Le 1er janvier 2024, toutes devront s’être mises en conformité avec cette nouvelle convention collective unique, qui n’interdit toutefois pas les accords d’entreprises. « Dans le département, le rapport entre anciennes et nouvelles conventions est équilibré, rassure Philippe Jehanno. Avec cette convention, nous nous sommes adaptés à l’évolution de la société et des marchés, en travaillant notamment tout ce qui est temps de travail, organisation du travail… Le nouveau texte répond à plusieurs objectifs : 
gagner en compétitivité en simplifiant et sécurisant le cadre social, gagner en lisibilité mais aussi en équité grâce à une description des emplois plus claire. »


« Ce n’est pas 
une révolution »

La classification des postes, non plus en fonction d’un coefficient mais de six critères tels que la complexité de l’activité, les connaissances requises ou encore le niveau de responsabilité, constitue selon Philippe Jehanno un vrai changement. Ce point, précisément, est l’une des raisons pour lesquelles la CGT a refusé de signer. « Il y a bien quelques petites avancées, comme le droit à quatre jours enfant malade rémunérés à 50% ou le maintien de salaire pour les femmes enceintes, lâche Clarice Pereira, coordinatrice régionale Nouvelle-Aquitaine métallurgie, mais la classification des emplois ne tiendra plus compte des diplômes, des compétences et des savoir-faire. Désormais, ce sera le poste qui sera coté, avec un salaire afférent. Ainsi, en cas de restructuration, si le salarié est amené à changer de poste, il pourra perdre en salaire. » Pour cette raison et quelques autres, la CGT souhaiterait que l’UIMM, au moment de signer l’avenant de révision-extinction de l’actuelle convention territoriale, la dénonce pour aller vers une renégociation de l’accord. Un vœu pieux à l’heure où l’organisme professionnel s’organise pour accompagner au mieux les entreprises en mobilisant son service juridique et en imaginant des outils partagés. « Il s’agit de les aider à passer d’une convention à l’autre. Mais ce n’est pas une révolution, cela ne va pas changer la structuration des entreprises », note Philippe Jehanno.

Au sein de Techman-Head qu’il dirige (5 PME et plus de 
120 salariés), « la complexité va surtout être dans le calibrage des premiers postes. Sur d’autres aspects, ce ne sera que de la réécriture des textes ». Et d’ajouter : « Cette convention est un bel exemple de ce que peut faire le paritarisme. »

(*)La CFDT, la CFE-CGC et FO, qui représentent 70% des voix, ont signé l’accord, la CGT a refusé.

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