Guillaume Chiron sort du cadre

A partir d'aujourd'hui et jusqu’au 13 mai, la Maison de l’architecture de Poitiers accueille l’exposition Trompe le monde. Signée Guillaume Chiron, elle interroge avec humour sur notre rapport au cadre de vie.

Claire Brugier

Le7.info

Ses collages se passent de mots et Guillaume Chiron se garde de les prononcer. Tout est dit dans la façon dont il associe les images et dont il se joue des échelles pour questionner notre rapport aux paysages et à l’urbanisation. Pour l’exposition Trompe le monde, à découvrir à partir de vendredi à la Maison de l’architecture de Poitiers, le Deux-Sévrien d’origine et néo-Poitevin d’adoption a fait une sélection de ses œuvres, toutes silencieusement politiques. Il en a aussi créé de nouvelles et augmenté d’autres, en 3D, comme son intriguant Citétisor, un orgue version barre d’immeuble que les visiteurs pourront éclairer en jouant du clavier. « Dans cette exposition, les collages sont comme une idée, un croquis d’artiste que l’on pousse plus loin pour créer une nouvelle œuvre », explique-t-il pour décrire cette exposition non linéaire, malgré sa soixantaine de tableaux de tous formats. Il y met en lumière l’imbrication des êtres humains dans leur cadre de vie, dans des proportions qui défient la logique du réel.

Un choc humoristique

« Je manipule beaucoup d’images, avec plein de thématiques, mais celle de l’environnement est particulièrement présente, avance l’artiste qui vient de passer une année en résidence aux Usines de Ligugé. J’aime créer un choc humoristique entre deux ou trois images, le plus souvent un paysage et une action. Ce sont les papiers qui me guident. » Guillaume Chiron les collectionne de manière à la fois compulsive et ordonnée. « Je les classe puis je vois comment ils peuvent dialoguer entre eux. » Un paquebot géant qui traverse une ville, des enfants enlacés par un enchevêtrement de voies rapides... Le regard souvent critique, toujours amusé, Guillaume Chiron ne s’interdit rien. Il affectionne tout particulièrement « les images des années 50, dans lesquelles on imaginait les années 2000, avec l’essor du nucléaire, de l’industrialisation, de l’urbanisation… »

Son goût pour les collages ne date pas d’aujourd’hui. « Pendant mes années lycée, nous faisions un fanzine avec un copain. Nous découpions un catalogue acheté chez Emmaüs. » Pourtant, Guillaume Chiron s’est d’abord lancé dans la musique avec Microfilm. Quatre albums et d’innombrables concerts plus tard, en 2014, le groupe s’est dissout et le guitariste est revenu à ses premières amours, à base de papier et de colle. Le numérique lui sert uniquement à tester les assemblages pour ne pas gaspiller ses précieux découpages. « Lorsque j’étais aux Beaux-Arts, à l’Eesi (ndlr, Ecole européenne supérieure de l’image) dans les années 90, c’était le grand boom du numérique. J’ai donc essayé le collage numérique… Mais j’ai besoin de contraintes. Ce n’est pas rien de découper un livre, c’est irréversible ! Et c’est aussi une façon de s’engager. »

Trompe le monde, Guillaume Chiron, à la Maison de l’architecture, à Poitiers, du 4 mars au 
13 mai. Vernissage vendredi à 19h. Des rencontres avec l’artiste sont prévues le 19 mars à 15h, le 14 avril à 18h30 et le 7 mai à 15h, ainsi que des visites commentées sur réservation.

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