The Batman plonge dans l’abîme

Batman traque un mystérieux criminel désireux de faire tomber tous les pontes de Gotham. Cette presque « origin story » du justicier masqué transpose avec brio les codes du film noir à l’univers du super-héros. C’est un peu long mais très prenant.

Steve Henot

Le7.info

Le maire sortant de Gotham est retrouvé assassiné dans son manoir. Sur son cadavre, une lettre est adressée à Batman qui, depuis deux ans, aide la police et surtout le lieutenant James Gordon à lutter contre la criminalité dans la ville. La missive est signée du Riddler, un amateur de… devinettes qui cible les hauts fonctionnaires, selon lui tous corrompus. Batman n’a d’autre choix que de résoudre ses énigmes pour pouvoir remonter jusqu’à lui et tenter de l’arrêter dans sa quête funeste.

Déjà exploité par quatre cinéastes différents (Burton, Schumacher, Nolan puis Snyder) en l’espace de trente ans, Batman peut-il encore nous surprendre ? Oui, à en croire la vision déployée par Matt Reeves. Le réalisateur -remarqué pour Laisse-moi entrer- montre pour la première fois le super-héros à ses débuts, quand il n’est encore que « vengeance ». Mais sa traque du Riddler (Paul Dano, délicieusement dérangeant) va l’amener à s’interroger sur le sens de son combat et sur son héritage familial. En face, son ennemi lui oppose un climat assez lourd, les prémices d’une lutte des classes à l’ère des réseaux sociaux, endroit où la défiance envers les élites se propage aussi vite que les infox. Le Joker de Todd Phillips -tiens donc- avait lui aussi pour toile de fond cette revanche des « marginaux », qu’un fort sentiment d’injustice a fait glisser dans une violence aveugle, préambule à un nouvel ordre. Le propos, qui n’est pas sans faire écho à notre époque, donne à voir une incarnation de Gotham comme aucun autre Batman auparavant. Véritable abîme de noirceur, ruisselant d’une corruption totalement désinhibée, la cité est ici un personnage à part entière qui, comme le justicier veillant sur elle, ne semble jamais loin de vaciller. Soutenue par une superbe photographie, cette plongée en apnée captive, même si l’intrigue aurait gagné à être plus resserrée.

Thriller de Matt Reeves, avec Robert Pattinson, Paul Dano, Zoë Kravitz (2h57).

DR

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